Récits

Le cadeau de Noël de Figaro

Seb a fumé des clopes sur mon balcon.

Il a refermé la porte derrière lui, nous avons quitté l’appartement, insouciants.

Je me suis rendue au marathon-bouffe familial. Cette année, ô exploit, j’alignais trois réveillons à la suite. Entre le réveillon numéro deux et le numéro trois, je suis passée en coup de vent chez moi, juste pour empoigner quelques chaises pliantes (Caro m’attendait dans la voiture, moteur ronronnant)

Empressée, je constate tout de même une variable en mon for intérieur : il fait froid dans mon appartement, limite venteux.

Et là tout s’enchaîne très vite. A la même seconde, je constate également qu’une présence règne en ces lieux.

Non le souffle léger de quelqu’un qui désirerait passer le plus inaperçu possible, mais la présence angoissée d’un animal de taille moyenne pris au piège derrière les rideaux.

Figaro était là. Chez MOI. Dans MON appartement.

Il est entré par la porte que Sébastien avait mal refermée, s’est réfugié sur mon appui de fenêtre et, pris de panique car pris en flagrant délit, il s’est mis à cavaler dans toute la pièce comme un dératé, emportant au passage tous les objets qui se trouvaient dessus : une vase de fleurs datant de l’époque Ikea, des dizaines de  boîtes métalliques que je collectionne névrotiquement, un petit chien en bois. Tous ont explosé à l’unisson sur le sol dans un fracas inexprimable.

Non content de ce premier exploit et toujours sous l’effet de l’angoisse, il s’est jeté sur mon sapin de noël qui s’est renversé sous son poids.

Ensuite il s’est accroché à ma belle tapisserie représentant des roseaux sauvages qu’il a lacérée de ses griffes.

Tout cela, je vous le répète, le temps d’une simple seconde, temps qu’il m’a fallu pour réaliser ce qui se déroulait sous mes yeux encore mal habitués à la lumière que je venais d’allumer.

A ce niveau du récit, Figaro et moi étions exactement sur le même pied d’égalité, à savoir morts de trouille. 

Mais c’est avec une grande sagacité et vivacité d’esprit que je me suis ressaisie et ai décidé d’agir.

Je lui ai couru après en hurlant, pour le faire sortir par la porte grande ouverte, parce que je commence à connaître cette vile racaille et je sais désormais que la fureur et les cris sont le seul langage qu’il comprend.

Il est parti, la queue entre les jambes, en état de panique profonde.

Je flageolais sur mes jambes.

Je suis entrée dans la cuisine, pour fermer à clé cette putain de porte du jardin.

Et là j’ai vu. Que le fait d’avoir saccagé mon salon n’était en fait que sa signature finale. Parce qu’avant que je n’entre, il s’était élancé dans mes poubelles, en avait vidé le contenu qu’il avait consciencieusement étalé dans toute la surface de la cuisine.

Je me suis penchée pour inspecter plus en détail son chef d’œuvre de détraqué. Et j’ai cru apercevoir un message écrit en lettres de trognons de pommes, de langes de bébé et de sauce tomate. Il m’a semblé décrypter « Fuck christmas ».

Mais peut-être suis-je paranoïaque.

figaro

4 réflexions au sujet de “Le cadeau de Noël de Figaro”

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