Hier soir, je peignais tranquillement dans mon atelier quand j’ai dû interrompre mon chef-d’œuvre afin de sauver d’une mort certaine un bourdon qui s’était empêtré dans une toile d’araignée.
Ce n’est pas spécialement que je ressente des élans dignes de Brigitte Bardot, mais Didier, sous l’emprise d’un stress pré-mortem bien légitime, émettait un bourdonnement qui agaçait mes tympans.
Quand je le libérai du piège, il s’échappa et, sans un merci, vint s’écraser à maintes reprises contre les murs de l’atelier.
Soit il avait perdu la vue, soit il avait bu trop de bourbon, je ne sais pas. (bourdon/bourbon : vous saisissez ?).
Mais le fait de se cogner à répétition contre des murs semblait le rendre de plus en plus anxieux et le taux vibratoire de son bourdonnement me rendait par contamination extrêmement à cran moi aussi.
Vive comme l’éclair, j’attrapai Didier Bourdon dans mon gobelet à dents et l’enfermai avec un morceau de carton.
D’un geste, je vidai le contenu du verre dans la toile de Meredith.
Meredith, c’est mon araignée.
Avide de sang, Meredith se précipita du haut de ses huit pattes sur Didier et n’en fit qu’une bouchée.
Le calme revenu, je pus enfin me remettre à mon travail.
J’entendis à peine Meredith roter.