Parce que cela pourrait très bien être considéré comme un secret honteux, je ne vous avais pas encore annoncé que je me suis inscrite chez Wich-wach il y a deux mois environ.
Vous ne connaissez pas Wich-wach ???
Mais si ! Il s’agit de l’équivalent des AA, mais pour « les personnes en surpoids » (traduisez les grosses et les obèses). Weight Watchers, si vous préférez. Mais c’est vachement difficile à prononcer.
Wich-Wach, c’est un peu comme une secte dans laquelle on vous endoctrine à coups de fruits et légumes. Une petite société qui a ses règles et ses codes. Un microcosme.
« Navet vous pas honte d’être aussi enrobée ? »
Parmi ces rouages, il y a le système de récompense (qui fonctionne fortement avec moi vous l’aurez compris, vous qui me connaissez de longue date).
Et parmi ces récompenses il y a l’étoile.
« Patrick l’étoile de mer, va me chercher des glaces, veux-tu. »
Je dirais en résumé, et pour palier aux lacunes des non initiés, que chaque fois que l’on perd trois kilos, on reçoit une étoile.
Les autres participantes n’applaudissent pas quand on reçoit une étoile, ce que je déplore. Mais elles sont très enthousiastes, voire très jalouses. Puisqu’il s’agit d’un milieu féminin (les hommes ne sont ni gros, ni obèses, ils sont juste costauds, traduisez par « puissants et virils »), les autres femmes te disent « Waw, c’est génial, quelle chance, tu as perdu trois kilos ! », mais en réalité tu sais qu’elles pensent « Quelle pouffiasse celle-là, je suis sûre qu’elle vire anorexique » et ça, c’est trop cool.
Toujours est-il que la semaine passée, j’ai cru que j’aurais mon étoile.
Mais la bénévole qui s’occupe de la pesée (je suis au regret de vous dire que cela s’intitule vraiment ainsi) a chicané. Elle a regardé ma fiche et elle a dit, devant tout le monde : « Ah non, hein. Elle doit encore perdre 300 grammes ». J’ai donc répondu du tac au tac, sans me laisser abattre ni impressionner ni humilier que je la décrocherais la semaine prochaine.
Une gagnante, je suis. Une battante. Une warrior de la perte de poids.
En rentrant chez moi, j’ai mangé un gâteau pour me donner du courage.
Ma sœur Mathilde m’a dit qu’elle me trouvait incohérente. Je lui ai répliqué, la bouche pleine de pépites de chocolat : « Je revendique mon droit à l’incohérence ». C’est la phrase d’un grand Philosophe que j’aime beaucoup et que je ressers souvent car elle m’est très utile.
Mais le problème, c’est que la semaine prochaine, c’est jeudi, jour de la pesée. C’est fou ce que ça passe vite, une semaine.
C’est pour cette raison que j’observe mon bac de glace Fermette à la vanille du coin de l’œil sans en manger une seule cuillerée.
C’est que j’ai de l’amour propre, moi, Madame.
Et le sens du challenge.
Vous grossissez ?
Rassurez-vous, vous n’êtes pas seuls.