Récits

Je phosphore du bulbe rachidien

La Ville de Namur-city organise des examens afin de pouvoir nommer ses agents.

Après moult hésitations, j’ai décidé de les passer.

Par simple curiosité. Juste pour voir comment ils vont me nommer. Ginette ? Huguette ? Marcelline ? Je n’en n’ai aucune idée.

J’ai été étudiante.

C’était il y a plus de dix ans et mon cerveau, il me faut l’admettre, a peut-être un peu perdu ses cognitions d’antan.

Déjà à l’époque, on ne peut pas dire qu’étudier était mon fort.

La preuve, c’est que pour faire baisser notre stress en période d’examens, Mel-Bichon et moi diffusions des CD de chants des baleines et il nous arrivait souvent de piquer du nez. Nous nous retrouvions égarées, la tête sur le syllabus et la bave au coin de la bouche, réveillées en sursaut par le cri du mâle alpha.

Mais étudier, c’est un peu comme le vélo ou la natation : ça ne s’oublie pas.

Je me suis donc saisie du volume « Eléments de bibliothéconomie » et me suis allongée confortablement dans le canapé, une tasse de thé vert sur la table basse.

Dehors, il pleuvait comme vache qui pisse : un temps idéal pour se lancer à corps perdu dans la législation.

J’ai regardé ma montre, en me disant « J’étudie 50 minutes, je fais une pause de 10 minutes, et ainsi de suite ».

Stratégique.

Organisée.

Réaliste.

Il était 15 heures.

J’ai ouvert mon passionnant ouvrage.

Ça disait quelque chose comme « L’alinéa 18 du paragraphe 3 de l’article 12 du décret relatif à l’organisation du Service public de la lecture stipule que les opérateurs d’appui ne peuvent entrer dans la norme Afnor Z44-073 qu’en faisant passer la concaténation des chaînes de caractère avant les opérateurs booléens. »

J’ai songé qu’il me fallait une clope.

Mais je ne fume pas.

Alors j’ai repris ma lecture.

Quand j’ai relevé la tête, exténuée par mes 50 minutes de concentration, j’ai remarqué qu’il était 15h12.

Douze minutes.

Je n’avais tenu que douze minutes.

A ce rythme là, il me faudrait huit années pour me faire ingurgiter la matière.

Comme je n’avais pas de clopes, j’ai fait une pause chocolat.

Pour me donner du courage.

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