Comme vous le savez déjà, je me moque beaucoup de ma sœur.
Et il y a un sujet particulier avec lequel j’aime la provoquer : sa hantise des éponges et des autres objets alvéolaires comme les ruches ou ce genre de choses.
D’ailleurs, avec ses amis, on aime lui mettre les nerfs en pelote en lui chantant la chanson de l’éponge ou, plus simplement en lui disant le mot « spongieux », qui suffit amplement à la révulser.
« Je te fais peur ? »
J’étais affalée dans mon canapé , concentrée sur le niveau 203 de farm heroes saga en mangeant des chips poivre et sel quand elle a déboulé dans mon appartement comme une furie, un roman grand ouvert entre les mains. « Je sais de quoi je souffre!!! » s’est-elle écriée avec beaucoup d’emphase. « De maladie mentale ? » ai-je risqué, sachant pourtant qu’elle nierait. « De trypophobie ! Regarde, c’est écrit là dans mon roman. C’est la phobie des trous ».
Elle semblait si contente d’avoir un mot à mettre sur sa souffrance (ou plutôt de pouvoir nous répondre que son aliénation existait et que, du coup, elle n’était pas la seule à en souffrir dans ce vaste monde) qu’elle a voulu faire de plus amples recherches. Elle s’est installée à côté de moi et on a googlisé « trypophobie ».
A MON PLUS GRAND REGRET.
Car j’ai instantanément compris que je souffrais moi aussi de trypophobie. A un stade avancé. Mon estomac n’a fait qu’un tour. J’ai hurlé de terreur en reclapant l’écran de mon ordinateur. Puis j’ai repris mon souffle. Je voulais voir. A l’instar de ces personnes qui ne peuvent s’empêcher de lorgner sur les accidentés de la route, j’étais en proie à une pulsion scopique morbide qui m’obligeait à essayer de regarder. En vain.
Je n’ai jamais été fan de films d’horreur mais je préfère me faire une nocturne de Chucky la poupée de sang en regardant un dictionnaire des maladies vénériennes que de rester 10 secondes sur le florilège de Google-images généré au terme trypophobie.
C’est tout simplement ATROCE et insoutenable.