Cela s’est passé comme ça. Je rentrais de ma répétition de théâtre et je chantais avec allégresse « Solide comme un roc » en conduisant ma Queen Elisabeth quand j’ai ouï un bruit.
Mais comprenez-moi bien : un bruit qui n’était ni la voix suave de Nadiya ni la pétarade habituelle de ma voiture. Un bruit suspect.
« Y’a comme un bruit »
Je décidai de me ranger sur le bas côté afin de vérifier ce qui clochait. C’était on ne peut plus clair : le pot d’échappement portait bien son nom : il s’était échappé. Enfin, en partie. Il raclait le sol, ce qui expliquait le bruit métallique assourdissant.
J’hésitai. Le mieux aurait été de la laisser là afin de ne pas continuer à rouler en traînant sous moi un morceau de carcasse. Je n’étais qu’à quelques kilomètres de la maison mais il faisait nuit, il pleuvait comme vache qui pisse et j’étais en rase campagne. L’option de rentrer à pieds, je la sentais moyen-moyen.
Ce n’est pas grave, me suis-je dit. Je n’ai qu’à jouer mon joker « appel à un ami ». Après tout, à quoi servirait d’avoir des amis si on ne peut pas les faire sortir de chez eux en pyjama pour venir nous chercher sous la pluie au beau milieu des champs de fraises ?
Seulement, comme vous vous en doutez déjà, je n’avais PAS pris mon téléphone avec moi. Sinon, ça aurait été trop simple, voyez-vous.
J’ai donc pris la seule option qui s’offrait à moi : continuer à conduire le plus lentement et le plus prudemment possible jusqu’à la maison de Mère (car je fais actuellement du home-and-dog-and-cat-and-garden-sitting, ce qui sera certainement le sujet d’articles suivants).
Comme j’étais perturbée émotionnellement par cette traversée bruyante, je sonnai chez Alain-le-voisin pour lui demander conseil.
En guise de conseil, Alain-le-voisin m’effraya. Il me dit : « On mais ça, c’est une dépanneuse qu’il te faut. » Puis il me dit des choses encore plus effrayantes comme : « Tu es assurée ? Tu as droit à une assistance ? » (Alain-le-voisin est banquier). Je lui ai répondu un « Euh… » extrêmement laconique. Sur quoi il a ajouté : « Ça va être très cher, Nathaliochka ».
Je suis rentrée chez moi. Un peu hébétée, j’ai appelé Père pour lui faire part de mon problème. Il m’a dit : « Je vais venir demain matin. Je vais réfléchir à ce qu’il faut faire. On va essayer de trouver une solution pour remorquer la Queen. En attendant, la nuit porte conseil. »
Rassurée, je suis montée me coucher.
Et là, je me suis dit : « En fait, peut-être que ma voiture a envie de faire un tour en voiture. C’est vrai, quoi. Pourquoi, sous prétexte qu’elle en est une, elle ne pourrait pas en faire? » .
Je me suis endormie, bien décidée à faire ce plaisir à la Queen Elisabeth.
« Allez, la Queen ! En voiture, Simone ! »
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