Récits

Fierté nationale et frites à volonté

Vous savez déjà que Père est foot.

Lundi, il nous a invitées à aller regarder le match chez lui.

Il était tout bonnement impossible de refuser car même quelqu’un qui se désintéresse du foot (comme moi, par exemple) se passionne immanquablement pour Père comme d’un sujet sociologique.

Regarder Père en train de regarder le foot : en voilà une belle mise en abîme.

Comme d’habitude, il nous a obligées à venir habillées en noir-jaune-rouge : c’était le dress code de la soirée, et celle qui ne le respectait pas se retrouvait bannie.

Comme tout bon belge qui se respecte, nous avons mangé des frites dans un cornet, mais nous devions les manger avant le match, sinon nous allions « envoyer des frites au plafond dès qu’il y aura but », a déclaré Père.

On a fait pas mal de jeux de mots sur les joueurs, comme à notre habitude (Père : « Sakaï, c’est un bon japonais, mais il a souvent froid ». Célia : « Ah, voilà Honda. Honda Civic » (sachez que ma cousine est obsédée par les voitures)).

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J’ai essayé d’apporter ma pierre à l’édifice en inventant une blague (C’est un cheval qui demande à un poney « Est-ce que tu veux devenir poney ? » et le poney répond : « Je suis déjà poney ») mais elle n’a pas eu le succès escompté, je me suis comme qui dirait pris un carton jaune.

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J’avais bien compris les enjeux de ce match. Pour preuve, j’ai dit à l’assemblée : « A ce stade, nous devons gagner. Vous avez compris ? A ce stade ! Oh oh ».

Et je sens que le deuxième carton jaune n’était pas loin.

Si vous avez regardé le match, vous savez que le Japon nous a très vite « foutu une ramée » en marquant deux goals, et la Belgique, démoralisée, ne parvenait pas à rattraper le retard. Le temps, inexorablement, passait, les rapprochant à chaque instant de l’avion qui les ramènerait à la maison, la queue entre les jambes. (Vous sentez dans mes propos à quel point je maîtrise mon sujet ? Ils sont dignes d’une vraie commentatrice sportive).

Là j’ai dit : « Ils ont la niaque, ces japonais. Niak Niak ! », mais ma famille n’était officiellement plus partisane de mes blagues.

Père a déclaré : « Je vais sortir arroser mes géraniums. Je suis au bout du scotch, je n’en peux plus, ce suspense est insoutenable ».

Et comme de bien entendu, ils ont marqué au moment où il franchissait la porte, lui faisant manquer ce moment crucial.

Il est revenu dans le salon, arrosoir à la main, « dégouté de la life », comme disant les jeunes.

Un peu plus tard, on lui a carrément demandé qu’il sorte à nouveau, ce qu’il a fait.

Me croirez-vous si je vous dis que c’est à ce moment là qu’ils ont égalisé ?

Nous étions excités comme des puces sous amphétamines.

Nous pensions que l’excitation au 7, rue du Nouveau Monde était à son apogée quand, pile deux secondes avant la fin du match, il y eut LE but qui nous a sacré champions.

  • Père est monté sur la table basse et a levé les genoux en claquant dans les mains.
  • Belle-Maman est sourde d’une oreille parce que j’ai beuglé dedans.
  • Caro s’est déchiré les cordes vocales
  • Axelle est montée sur le canapé
  • Célia répétait sans cesse : « Mon Dieu, j’ai 72 de tension »

J’ai crié : « Bande de japonais : Félaïni vous fait laï nique ! »

Et j’ai regagné l’estime familiale car ils ont tous applaudi.

2 réflexions au sujet de “Fierté nationale et frites à volonté”

  1. Ahahahaha cette soirée était dingue !
    Tu sais la maintenant, 11h18 très précise je sens déjà mon thorax serré sous le stress, j’ai top peur ! Mais j’y crois ! Et je me bats contre toutes les mauvaises langues 😀
    D’ailleurs je pense que je vais en faire un article, j’ai besoin de me défouler 😀

    Mon papa aussi était un accro du foot, il était à Mexico pour soutenir ses diables. Quand j’était petite, 4 ans, je me baladais sur le bord du terrain pendant que lui jouais 😀 ❤

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