Comme si je n’avais pas assez à faire avec mes déménagements personnels, voilà que la bibliothèque s’est elle aussi lancée dans le branle-bas-de-combat en faisant migrer la section jeunesse un étage plus haut.
(Note de lecture : chaque fois que je dis « nous », vous pouvez traduire par « mes collègues »)
Au programme :
- Nous avons sauvagement arraché des pages de livres que l’on a plongées dans de la colle à tapisser afin de recouvrir les murs qui n’avaient plus vu une couche de peinture depuis la fin de la deuxième guerre mondiale (ça a l’air d’être une façon de parler mais hélas, c’est une réalité), le tout sous les chaleurs caniculaires de cet été.
- Nous avons découpé des images dans des catalogues d’éditeurs sans dépasser et sans se couper aucun doigt pour décorer les pages de livres collées sur les murs.
- Nous avons enduit de plusieurs couches de vernis tous les meubles de la section.
- Nous avons poncé des meubles sans se limer les ongles.
- Fabienne s’est fait disputer parce qu’elle a verni le comptoir sans avoir reçu le feu vert des ouvriers.
- Elle leur a expliqué que, pour sa défense, à force de vernir des objets à longueur de journée, elle s’était un peu emballée et elle en était arrivée à vernir absolument tout ce qui lui tombait sous la main.
- On a rêvé que des bonshommes en vernis nous poursuivaient pour nous tuer.
- On s’est dit qu’il fallait absolument nous changer les idées.
André, Sophie et moi avons donc profité des gros chambardements ambiants pour refaire la déco du bureau rock and roll.
Cela voulait dire :
- Virer tous les meubles.
- Faire un soupçon d’ordre.
- Dérober un joli meuble pour le transformer en « meuble à thé », pièce maîtresse de notre décoration feng-shui.
- Menacer nos prochains en clouant un mot sur la porte.
Une fois que tous nos aménagements intérieurs étaient terminés, nous en sommes revenus à nos moutons en prêtant main forte au déménagement en cours.
- Nous avons gentiment répondu aux questions de nos lecteurs.
- Nous avons mis en caisses 7 milliards de livres pour enfants.
- Je n’exagère jamais.
- Nous avons refermé les caisses avec des machines à rouleaux très fun à utiliser.
- Nous avons essayé de momifier les collègues avec les machines à rouleaux très fun à utiliser.
- Nous avons noté sur les caisses ce qu’elles contenaient et où elles allaient (ce qui est très important dans une bibliothèque, rendez-vous compte).
- Nous avons chargé les caisses au maximum, cadeau pour les déménageurs.
- Nous avons mélangé les caisses au maximum, cadeau pour les collègues qui réceptionnaient les colis à l’étage.
- Nous avons pris moult calories en faisant des pauses de midi riches en matières grasses.
- Nous avons monté des étagères.
- Ceux qui me connaissent savent que je possède un post-doctorat en montage de meubles Ikea donc, en toute logique, j’ai proposé mes services.
- J’ai très vite regretté.
- Il y avait différentes tailles de planches et je prenais systématiquement la mauvaise.
- J’ai juré.
- Martine m’a dit : « Pourquoi tu jures comme ça ? On s’amuse bien, pourtant ! »
- J’ai constaté que la notion d’amusement de Martine n’est pas la même que la mienne.
- Elle a détendu l’atmosphère en chantant « Ce soir je m’en vais danser sans chemise, sans pantalon » et faisant des mouvements de bras comme Mickey Mouse.
- J’ai demandé à être mutée dans un autre service.
- Nous avons ouvert les caisses et reclassé les livres sur les étagères.
- Nous avons dû tout redécaler 172 fois.
- Je n’exagère jamais.
- une fois le chantier terminé, nous avons fait une danse de la joie.
- Nous avons contemplé, fatigués mais satisfaits, l’étendue de notre Nouvel Empire.
Et combien d’enfants déclarés perdus depuis des mois retrouvés à l’occasion de ce grand réarrangement ? C’est qu’à force de fouiner ça va toujours se coincer dans les endroits les plus inaccessibles ces machins-là.
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A ma connaissance, aucun. Ce qui est fort dommage, il faut en convenir.
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Magique, cette tapisserie en feuilles de livres avec les personnages découpés ! J’adore et vais reprendre l’idée de ce pas chez moi :))
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Merci, je trouve aussi que c’est très réussi. N’hésite pas à me montrer quelques photos quand tu l’auras fait chez toi…
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Par Sainte Irène, je n’en crois pas mes yeux ! Un déménagement dans la vénérable bibliothèque de Namur ! Mais du coup, où est passée la salle de lecture qui était à l’étage, avec ses si nombreux journaux et périodiques divers et variés et son si précieux fond sur l’histoire de Namur ? Elle a migré au rez-de-chaussée ?
C’est un joli tour de force ! Et merci pour ces belles photos qui permettent d’admirer le joli carrelage de la fin des années 1940, avec les lignes rouges délimitant la zone du bibliothécaire détenant le savoir et celle du pauvre lecteur ignorant qui ne peut surtout pas accéder directement aux ouvrages. Le monde était quand même plus simple à cette époque…
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Oui, en effet, on a interverti les deux sections. Un sacré chassé croisé.
Pour ce qui est de la ligne de démarcation, tu me l’apprends, je n’y avais jamais fait attention.
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En fait vous avez imaginé que les enfants supporteraient mieux les escaliers que tous les petits vieux qui viennent lire leur journal, c’est ça ? Je n’ai pas osé le dire la première fois, mais puisque Noël est passé, on peut se passer du politiquement correct.
Je n’ai pas fait de recherche poussée sur la ligne de démarcation, mais on m’a raconté l’anecdote lors d’une visite de la bibliothèque (avec Irène, forcément)
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