J’ai réussi à perdre deux cartes de banque. Le même jour. La mienne et celle de la Communauté.

J’ai d’abord attendu sans rien faire, espérant peut-être qu’elles allaient réapparaître comme par enchantement. Cela s’appelle le déni et je connais bien cette étape pour en être coutumière.
J’ai tout de même enclenché le plan première urgence en fouillant mes poches de manteaux et mon sac, mais, quelques jours plus tard, j’ai bien dû me rendre à l’évidence : elles avaient disparu (acceptation).
J’ai bien dû l’avouer à Mère, qui est restée étrangement calme. Peut-être parce qu’elle souffre elle aussi d’une culpabilité morbide qui lui fait perdre ou oublier toutes sortes d’objets et qu’elle se trouvait assez mal placée pour émettre un quelconque jugement. Elle m’a même aidée, en me faisant remonter les évènements de ce samedi-là.

C’est de cette manière que j’ai pu établir que la dernière fois que j’avais utilisé la carte hippie, c’était à la librairie pour acheter le cadeau de Tonton Bernie et que la dernière fois que j’avais utilisé la mienne, c’était à la station essence.
J’ai appelé la librairie et ils n’avaient pas ma carte.
Quant à la station essence, il était fort probable qu’elle soit restée là parce que j’avais été mise sous stress.
Un homme est arrivé derrière ma voiture et voulait aller précisément à la même borne que moi alors que les autres pompes étaient disponibles, et ça m’a tellement énervée que j’ai tiré d’un coup sec sur le tuyau et quand j’ai mis l’embout dans le réservoir d’Etoile (ma voiture), il ne rentrait pas. J’avais mis le bec verseur pour camions. Je l’ai raccroché, j’ai repris l’autre, j’étais confuse. Puis j’ai remarqué que le type attendait pour la simple et bonne raison que je m’étais garée en travers de tout et que je lui bloquais l’accès à la pompe suivante, ce qui a rendu ma confusion encore plus grande et il se peut vraiment que j’en aie perdu le sens commun et la carte de banque.

Mais pile après cet incident, je suis allée chez Mel-Bichon et j’ai rangé ma veste convenablement dans son placard, me faisant féliciter par Fred qui a dit : « Tu as vu, Dory ? Même Tata-Natha range correctement ses affaires ».
J’ai donc expliqué à Mélanie que j’avais perdu les deux cartes, dont peut-être une dans son placard à manteaux. Elle m’a dit : « Tu as réussi à perdre deux cartes en un seul jour ? Dont celle de ta mère ? Waw, mon bichon, je suis admirative. Tu es géniale, tu es au top ! « . Et c’est vrai que parfois je me surpasse.
Mais ma carte n’y était pas.
Mère a continuer à m’aider, mais on aurait dit que son Alzheimer avait déteint sur moi car je ne me rappelais plus de rien. Les évènements des derniers jours se mélangeaient. « Quel jour es-tu allée acheter tes draps ? » » Je ne sais plus ». « C’était avec quel carte ? » » Je ne sais plus » « Qu’est-ce que tu portais comme veste ? » « Je ne sais plus » » Qu’est-ce que tu avais comme sac ? » « Je ne sais plus ». Bref, on progressait.



Puis tout à coup, un éclair de génie a foudroyé mon cerveau. « Mon pantalon de peinture ! J’avais mon pantalon de peinture ! » et j’ai monté quatre à quatre les escaliers de ma chambre, me suis jetée sur mon pantalon de peinture qui détenait la carte hippie dans sa poche pleine d’éclaboussures.
Un problème était réglé et j’étais secrètement soulagée d’avoir retrouvé celle-là en premier, histoire de ne pas terminée découpée en rondelles par Mère.

Vu que le mystère reste entier pour la mienne, j’ai décidé d’aller à la banque en commander une nouvelle.
Mais ma banque avait disparu. A la place, il n’y avait plus qu’un grand bâtiment vide.

Alors, ce matin, j’ai décidé d’aller dans une autre agence.
Je suis arrivée franc battant devant une femme bien sympathique à qui j’ai expliqué mes déboires. Elle m’a dit qu’elle allait me faire une nouvelle carte, que c’était une procédure très simple et qu’il suffisait que je lui donne ma carte d’identité. Je lui ai dit : « J’en profite pour vous signaler un changement d’adresse », chose que je n’avais pas encore faite depuis mon déménagement en juillet. « D’accord » me dit-elle, puis elle grimace : « Votre carte d’identité est périmée, je ne sais pas faire le changement d’adresse ». (C’est incroyable comme cette suite de couacs illustre parfaitement bien mon existence).
Puis je vois que la femme a l’air tracassé. Elle me dit : « Je ne trouve pas votre compte. C’est étrange. Comme si vous n’aviez pas de compte chez nous ».
Et là, je vois, sous ma main, un petit carton sur lequel il est écrit « Belfius » et je suis foudroyée de clairvoyance : je suis chez Fortis.
Morte de honte, je n’ose pas lui dire et je réfléchis à toute vitesse à une pirouette qui me sortirait d’affaire, mais je ne trouve pas et je vois cette malheureuse femme qui tente de comprendre ce qui a bien pu se passer, alors je suis au regret de devoir le lui annoncer : en fait, je me suis trompée de banque.
Etrangement, cette femme n’a pas fait des yeux comme des soucoupes en me regardant comme si j’étais un ovni, mais elle a éclaté de rire en me disant : « C’est dommage que vous ne soyez pas chez nous car je trouve que le courant passe bien » et là, j’ai eu envie de transférer tous mes comptes chez elle (enfin, je veux dire mes 800 euros), mais la paperasserie que cela demanderait m’a fait reculer. Je suis repartie et elle m’a dit : « Je crois quand-même que vous êtes un peu surmenée ».
Moi je pense qu’elle a raison. D’ailleurs, je vais en parler à mon employeur.
Parce que si mon surmenage s’additionne à ma culpabilité morbide, moi je dis que ça nous prépare une belle pagaille.

Égarer une ou deux cartes bancaires, un portefeuille, les clefs de la maison, planter la voiture dans un gué, me tromper d’adresse … tout cela est également à ma portée et je dois avouer, avec modestie, que j’y brille particulièrement fort !
Bon courage, Nathalie, et douce soirée.
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Je te félicite. Parce que ce n’est pas si évident que cela de briller dans de tels domaines. C’est tout un art.
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Moi je suis spécialiste pour ne pas retrouver ce qui doit se trouver dans ma poche gauche et qui est en fait dans ma poche droite. Le pire, c’est que la première fois que je fouille ladite poche droite, je ne remarque pas toujours que ce que je cherche s’y trouve… Mais bon, je reste un petit joueur par rapport à toi qui confond les banques.
Et donc ça s’appelle « culpabilité morbide » ce truc infâme qui t’empêche de bouger alors que tu sais que tu dois faire quelque chose mais que tout en toi s’y refuse ? Moi ça m’arrive tout le temps, merci de m’aider à trouver un nom à mes problèmes, docteur !
Sinon, tu as fait quelque chose pour ta carte d’identité ? ça ne devrait pas t’empêcher de voter en mai, mais si tu veux prendre l’avion ça risque de t’embêter…
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Je vois que ça ne va vraiment pas. LOL !!!
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Je me reconnais dans ton expérience, perdre mes affaires, être dans la lune c’est tout à fait moi!
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Je me sens moins seule, merci 😉
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