Aujourd’hui, on est lundi (ce n’est pas vraiment vrai mais je vous écris depuis le futur) et j’ai repris le travail après une longue absence.
D’abord, j’ai pris le bus.

J’étais seule dedans.
Grosse ambiance.

J’avoue que j’ai manqué d’humilité. Je me suis sentie comme une personnalité si importante qu’elle bénéficie d’un bus pour elle seule. Ou alors comme une infirmière Covid qui s’en va le matin sauver des vies.

Que dalle. Je suis bibliothécaire et la lecture a été déclarée comme étant un bien de première nécessité, ce qui est à peu près la seule chose positive que l’on ai entendue depuis des mois.

Je suis descendue de mon bus privé et j’ai arpenté les rues.

Vides, bien entendu.
Je suis arrivée dans mon bureau.
Vide, lui aussi.

J’ai attendu André et Sophie, qui ne sont jamais apparus.
Congé ? Télétravail ? Morts ?
Dieu seul le sait.
J’étais quasiment seule à mon étage et ça aussi ça a foutu une sacrément folle ambiance du tonnerre.

Notre concentration habituelle me manquait cruellement.

Sur le temps de midi, je suis sortie prendre un peu l’air.

Commerces fermés, chaises retournées sur les tables des bars, lieux comme abandonnés en quatrième vitesse, panneaux inutiles sur les vitrines « Moins 50% ».
Je suis rentrée au bureau, quand-même un rien dépitée, les épaules tombantes.
Mon collègue s’est écrié : « Alors ?! C’est la grosse ambiance, hein !
On dirait que c’est tous les jours dimanche ».

Courage ! Moi au parquet je suis submergé par les PV (et les contestations) des personnes qui ne respectent pas les règles du confinement : fêtes clandestines à 35 dans un appartement AirBNB, cafés fermés mais avec de la musique à l’intérieur, honnêtes citoyens qui estiment le port du masque a été décidé anticonstitutionnellement (j’ai réussi à le placer dans une phrase !). Du coup je rêve parfois de ta folle ambiance, même si je sais que ça m’ennuierait vite.
Sinon, les lecteurs savent-ils que la bibliothèque est sur la liste des endroits de première nécessité ?
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