Au boulot, on ne peut plus être que quatre personnes par étage. Et étant donné que l’on travaille habituellement sur les genoux des uns et des autres, le calcul a été vite fait : « Buiten les deux clowns », Sophie et moi avons dû nous rendre dans une autre implantation pour la journée.
Au début, on était contentes, parce que ça nous faisait faire une petite excursion.

On a préparé notre baluchon (du thé, des mandarines, des crayons de couleur et et accessoirement quelques dossiers) et on est parties travailler au Serein. Enfin, nous on l’appelle le Serein parce que c’est le CeRHiN (Centre de Ressources Historiques namuroises) et qu’on aime bien faire des blagues.

Mais détrompez-vous, le Serein est loin de mériter son nom.
D’abord, il faut désactiver une alarme pour y entrer et nous, ça nous stresse à mort de désactiver les alarmes. Je suis entrée en premier. Sophie est passée à ma suite, se glissant sous les lasers sans les faire sonner.

Là-bas, il y a vraiment moyen de mettre la distanciation sociale en pratique. Je me suis installée sur le grand bureau et Sophie sur celui de consultation des lecteurs. Je lui ai dit : « J’ai un peu l’impression de te surveiller ». « Oui », a-t’elle répondu « On se croirait à l’étude ». J’ai répondu « Pas d’impertinence ou je te fous deux heures de colle supplémentaires, jeune fille ».

Le bâtiment est grand et un peu vide, ce qui donne une ambiance assez inquiétante. Pour briser la peur, nous avons commencé à répandre nos effets personnels partout sur les bureaux pour les personnaliser. On est comme ça : ça nous rassure de voir notre tasse de thé, nos mandarines et nos crayons de couleur.
« C’est vrai que comme ça, on a l’impression d’être un peu chez soi », ai-je dit à Sophie qui a répondu « Oui, et en même temps, chez moi, j’ai du chauffage, ce qui n’est pas le cas ici. »
Et en effet, le chauffage ne fonctionnait pas des masses.
Pour ne pas dire qu’il était réduit à peau de chagrin.

Pour se donner du courage, Sophie a chanté : « Aujourd’hui on a plus le droit ni d’avoir faim ni d’avoir froid », ce que j’ai trouvé fort à propos, sans chauffage et avec juste deux mandarines pour se sustanter.

Le Serein est aussi connu pour ses fantômes, qui jetent un brin d’effroi en faisant grincer les escaliers ou en faisant étinceler des reflets dans les fenêtres. Là-bas, on a tout le temps la sensation que quelqu’un nous regarde à travers la fenêtre du jardin alors on se retourne instinctivement pour constater que personne n’a pu franchir le jardin clos. C’est de cette façon que Sophie a vu l’on se faisait effectivement épier.
Par des corbeaux.
Bonjour l’ambiance.



Après-midi, Catherine a eu pitié de nous alors on est revenues avec nos pelures de mandarine. Et pour se réchauffer le corps et l’âme, on a imaginé un nouveau jeu. On a imité des contes. Saurez-vous deviner de quoi il s’agit ?
Si oui, vous gagnerez un badge « Ecureuil survivaliste ».
