Ce matin, comme mon cathéter était bouché et ma veine enflée, l’infirmière A. a dû me le retirer et en placer un autre dans l’autre bras. Comme je m’inquiétais un peu du gruyère que deviennent déjà mes bras, je lui ai demandé ce qu’on ferait quand ils seraient saturés, et elle a répondu du tac au tac : “Quand on aura fini avec les bras on fera dans les jambes”. J’ai demandé : “ Et ensuite, ce sera dans la jugulaire ?”. Elle a répondu un grand oui plein d’enthousiasme et elle a ajouté : “Parce qu’on est des barbares”.
Ensuite elle m’a expliqué que parfois, certains patients sont équipés d’une voie centrale et devant mon ignorance elle a précisé que c’est quelque chose que l’on place à la base du cou, un peu comme un syphon par lequel on peut balancer absolument tout ce que l’on veut, par litrons s’il le faut. Il suffit d’appuyer sur un bouton.
“Elle est amusante, cette fille” a déclaré Mère une fois qu’elle a quitté la pièce. J’imagine que cela dépend du point de vue de chacun.
Mère, qui détient à présent son brevet d’aide d’aide soignante, a constaté que l’infirmière avait fait une erreur dans les perfusions, elle avait mis une grande dose de médicaments dans une petite pochette. Elle a commencé à stresser comme une malade et à s’agiter comme une poule sans tête pendant que moi j’étais là, immobile et stupéfaite, shootée et ne sachant que faire.
Alors j’ai décidé de jouer ma carte “Appel à un ami” et j’ai appelé Ivanovitch, qui est médecin. Le risque, avec Ivanovitch, c’est qu’il te voit vite six pieds sous terre. Il a comme qui dirait un petit côté alarmiste, mais vu qu’il semblait détendu sur la question, je me suis relaxée moi aussi et mère est redescendue à 32 point 12, ce qui est sa tension habituelle.
Quand l’infirmière est revenue, nous lui avons signalé son erreur et elle a répondu : “Oh, ça va, il n’y a pas mort d’homme”. Alors je l’ai fixé d’un œil morne et j’ai répondu “C’est ce qu’on verra”.
Puis elle m’a regardée plus attentivement et elle a dit : “Je trouve quand-même que tu as les pupilles étrangement dilatées”. Quand je lui ai demandé à quoi c’était dû elle a dit : “C’est juste que tu commences à être sacrément imprégnée”.
C’est vrai qu’elle est amusante, cette fille.




Tu fais vraiment une équipe de choc avec cette infirmière A ! Ou alors c’est un caméléon qui s’adapte très bien à ses patients
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Oui, binôme chic et choc
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