Quand il fait beau et que le soleil brille, Adèle aime bien donner des bains sauvages à Hannah. Elle remplit son coquillage en plastique d’eau tiède et la lave dans le jardin. C’est bucolique. Il y a des bulles de savon qui s’envolent, des petites coccinelles viennent s’abreuver et Hannah peut balancer autant d’eau qu’elle veut dans la pelouse. Mais hier, voilà que j’aperçois Adèle qui emporte la coquille bleue et la rentre dans la cuisine. Intriguée par son grand déménagement, je lui demande ce qu’elle fabrique, et elle me répond qu’elle va donner le bain du Pimousse dans la cuisine parce qu’il fait trop froid dehors et qu’elle a la flemme de monter des casseroles d’eau chaude jusqu’à la baignoire. (Nous n’avons plus d’eau chaude depuis que la cuve à mazout a été inondée).
Tu sais, Gary, j’ai grandi dans une famille un rien bohème alors je ne suis pas du genre à me formaliser pour si peu. J’ai quand-même rappelé que cet enfant avait une salle de bains chez elle et qu’elle pouvait très bien s’y rendre, mais ma proposition a semblé incongrue, tant à Adèle qu’à Caro qui ont levé les yeux au ciel. Quoi de plus normal que de donner son bain à un enfant dans un coquillage en plastique au milieu d’une cuisine ?
Stanislas était très intéressée par ce qui se déroulait, alors elle est venue boire l’eau du bain. Pour parfaire cette impression de manouche-attitude qui ne nous quitte plus, des tas de vêtements et de jouets jonchaient le sol, et Happy était étendu au milieu du capharnaüm.

Là où ça a commencé à partir un peu en sucette, c’est quand Mère est rentrée du potager et qu’elle s’est exclamée : “Oh génial ! Une baignoire ! Laissez l’eau, j’irai après Hannah”. Caro a dit : “Euh, maman… Tu vas te laver dans la coquille ?!”. Je crois qu’elle n’était pas certaine d’avoir bien compris. “Mais oui !”, s’est exclamée maman en ajoutant, assez choquée : “C’est de l’eau chaude!!!”. Caro, elle, a de l’eau chaude qui sort de ses robinets et comme la plupart des personnes privilégiées, elle ne se rend même plus compte de la chance qu’elle a.
Immédiatement, Mère a commencé à retirer son short, l’envoyant valser sur les autres vêtements éparpillés et Caro a crié : Mais maman !!! Tu vas te laver là au milieu de la cuisine?! Devant nous?!” “Mais comment veux-tu que je fasse d’autre, ma chérie ?” “Je ne sais pas, moi ! Et en plus, mes pâtes sont en train de cuire et elles sont bientôt prêtes, je dois les sortir de la casserole” a précisé ma soeur. “Mais qu’est-ce que ça change ?” a demandé Mère.”Je ne sais pas, moi. C’est juste que ça me semble bizarre d’aller touiller dans mes pâtes à côté de ma mère qui se lave dans un coquillage”, a dit Caro. “Oh, ce que tu peux être classique, quand tu veux”, a dit Mère. Et ensuite elle a demandé à Caro : Tu crois que je pourrais récupérer l’eau chaude de tes pâtes ? Le bain de la petite a un peu refroidi”.
Caro a mis sa tête entre ses deux mains, d’un geste las, et elle a dit : “Et après on s’étonne que les amis de Jean-Chri nous surnommaient “les bulgares”.

C’est une fine psychologue, ta maman : après ça, elle peut être certaine que plus personne n’aura l’idée de donner un bain à qui que soit dans la cuisine !
Sinon, j’aime beaucoup la version moderne de la naissance de Vénus. Je n’ose même pas imaginer quels critères de recherches tu as dû utiliser pour la trouver…
J’aimeJ’aime
On m’a envoyé cette image merveilleuse. Pour une fois ce n’est pas une de mes trouvailles !
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai connu des Bulgares moins bulgares que ça.
Je mentirais si je disais n’être pas jaloux à la vue d’une maison aussi vivante que celle-là. Heureusement, l’absence d’eau chaude m’aide à relativiser.
J’aimeJ’aime
Je comprends ta jalousie 😉 Ici c’est un peu « amour et douche froide »
J’aimeJ’aime