03 octobre 2021. Mathilde est revenue. Ma plus jeune sœur. Celle qui vit à Val d’Isère.
Avec Caro et Hannah, on est allées la chercher à la gare. Comme Hannah a peur de sa tata qu’elle voit moins souvent que les deux autres et qu’elle a l’habitude de se mettre à hurler quand elle la voit, je l’ai prévenue : “N’oublie pas que Petite Tata a la peau très bronzée, qu’elle a des très longs cheveux de hippie et des looongs bras et des looongues mains et des looongues jambes”. Mon avertissement a eu l’air de porter ses fruits parce qu’Hannah a certes un peu crié en voyant débarquer sa beatnik de tante, mais elle était surtout trop impatiente de lui montrer qu’elle n’avait pas oublié leur cri de ralliement, à savoir l’imitation d’un lion qui crie et lacère l’air de ses pattes.
On est arrivées à la maison. Mère a serré très fort sa fille chérie dans ses bras puis, dès qu’elle a eu jeté ses immenses sacs sur le sol, Mathilde a balayé la pièce du regard et s’est exclamée : “J’AI FAIM”. J’ai dit : “Le criquet ravageur est de retour. Planquez vos provisions” et Adèle a dit à sa sœur : “Si tu veux, je t’ai acheté des sandwichs mous”. “Oh trop cool !!!” a répondu Mathilde, ravie. Mais Mère, qui tente encore d’œuvrer à parfaire l’éducation de ses nombreuses filles malgré leur âge adulte parfois très avancé, a décrété : “Mais enfin, Mathilde. On va passer à table. Ne mange pas tes sandwichs maintenant, tu n’auras plus faim”, et Mathilde a dû ronger son frein. Nous, on a eu très peur qu’elle mute, la faim la rendant passablement agressive et invivable, alors on a détourné son attention en expliquant à Hannah : “Tu sais, ta Petite Tata adore les sandwichs mous. Et avant de les mettre en bouche, tu sais ce qu’elle fait ? Elle les raplatit avec sa graaande paume. Comme ça”. Et on a imité la manœuvre culinaire de Mathilde qui consiste à raplatir ses sandwichs. Je sais, Gary. C’est à se demander comment cette fille travaille dans de grands restaurants étoilés. Hannah a bien aimé notre démonstration, alors elle a aplati des sandwichs imaginaires pendant un petit moment en riant très fort.
Ensuite, Hannah a montré à sa Petite Tata les marrons qu’elle avait récolté chez son Papy et Petite Tata a eu l’idée géniale d’initier une partie de bowling-marrons dans le salon. Mais comme le lancer d’Hannah est encore approximatif, le bowling s’est assez rapidement transformé en machine lanceuse de balles de tennis, mais qui lancerait des balles magiques. Les marrons ont jonché le sol et j’ai essayé de faire très attention à où je posais les pieds car avec mon bol légendaire, j’allais encore parvenir à rouler sur l’un d’eux et me briser la colonne.
Hannah a pris soin d’expliquer dans les moindres détails en quoi consiste son nouveau jeu. “Tu vois, Tata, je m’empare d’une petite casserole de dinette et je dépose un œuf en plastique dedans. Ensuite je ferme le couvercle de la casserole, je secoue très fort la casserole puis je l’ouvre. Là, il faut s’exclamer : “Miaaaaam !!!” et prendre l’œuf. Ensuite il faut faire semblant de manger l’œuf, puis il faut faire semblant de se brûler et déclarer : “Il est encore chaud”. Le mieux étant de répéter l’opération cinquante-deux fois”. Apparemment, Petite Tata n’a pas compris tout le règlement. Elle a imité une radio qui crachote et, avec son doigt-antenne, elle nous a fait comprendre qu’il faudrait rapidement l’initier au langage complexe de sa nièce parce qu’apparemment, elle a juste capté : “Ana a Mh. A oh. Ah Tata. Oh miaaaam. Oh ! Ako chau”.

C’est vrai que quand on vit avec un bébé on comprend ce qu’il dit, ce qui n’est pas le cas de ceux qui passent de temps en temps à la maison. J’ai compris que le langage de ma fille (qui devait approcher des deux ans à l’époque) n’était pas compréhensible pour tout le monde le jour où mon beau-frère m’a demandé si j’avais un décodeur dans la tête. Pourtant moi je trouvais qu’elle s’exprimait très bien…
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Oui, c’est exactement ça. Quand on les voit tous les jours on comprend l’extra-terrestre…
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