Récits

Cléa

25 avril 2022. On sortait du cours d’histoire de l’art avec ma copine Anne et on avait envie de s’en jeter un petit. On est allées au café. On a papoté. Elle m’a parlé de son mari Arnaud, qui est romancier. Elle m’a expliqué qu’il s’occupait de Cléa, une compagnie regroupant des auteurs et des relecteurs. Elle m’a dit qu’elle lui avait parlé de moi et que j’étais la bienvenue parmi eux. J’ai répondu que c’était très gentil de sa part, mais que je ne me considérais pas (encore) comme une auteure en bonne et dûe forme, qu’à part mes petites bafouilles du dimanche je n’ai encore rien publié, j’ignore si je suis à la “auteur”. 

Cléa, ce sont des écrivains de tous horizons se réunissant soit pour organiser des sessions d’écriture soit pour échanger autour de la passion dévastatrice de l’écriture. Je me suis inscrite. “Bienvenue dans ta nouvelle famille !” m’a accueillie Arnaud. J’étais touchée. J’ai dit à Adèle, pour la narguer : “J’ai désormais une nouvelle famille” Elle a répondu : “Je leur souhaite bien du courage.”

Ce week-end, la compagnie organisait une retraite d’écriture dans les vertes campagnes d’Erezée. J’y suis allée. Je débarquais.

Tu aimerais bien Cléa. C’est un peu comme une meute de chiens enragés qu’on aurait par mégarde laissé s’échapper dans la nature, sans surveillance. On a beaucoup ri. A s’en taper les côtes. Et on a bien travaillé, aussi. Dans un silence religieux, monacal. On a échangé des conseils, des préoccupations et, pour ne rien gâcher, on a hyper bien mangé. Tu serais fier de moi, parce que j’ai mangé toutes mes croûtes.

On s’est mutuellement ajoutés sur Facebook. Quand j’ai ajouté Albert, j’ai vu qu’il était le mari de Fabienne B. Et Fabienne B., c’est la tante de mes cousins et il aussi l’oncle du parrain de ma nièce. Tu suis toujours ? 

Ce qui est drôle, c’est que vendredi, j’expliquais justement à Adèle que je voulais toujours que les gens fassent partie de ma famille. Par exemple, j’appelle toujours Georges-de-la-jungle “oncle Georges” et, chaque fois que je fais ça, il me dit : “Je ne suis plus ton oncle”. Et puis, un jour, alors que je faisais mon stage à la bibliothèque de Waremme, j’ai présenté mamy Tine en disant : Voici ma grand-mère. Elle a répondu qu’elle n’était pas ma grand-mère. Mais, tu comprends, c’est plus simple à expliquer, parce que quand je dis qu’elle est la grand-mère de mes sœurs, on me regarde de travers, genre : “elle est débile, celle-là?” 

Toujours est-il que quand j’ai vu qu’Albert faisait un peu, par extension, partie de ma famille, je le lui ai appris. Il buvait tranquillement son café et je suis entrée dans la cuisine en lui annonçant : “Albert ! J’ai découvert que tu es mon oncle !” Albert a craché son café et il a crié avec beaucoup de véhémence : “T’es pas un peu dingue, toi, de m’annoncer ça comme ça à brûle-pourpoint dès le petit matin ?!” S’il a dit ça, c’est parce qu’il a eu peur. Il faut dire que la veille, j’avais fait mon show avec mes nouvelles copines, des femmes frapadingues dont le niveau sonore et la sauvagerie impressionnaient ces messieurs. Derrière nous, les autres soufflaient : “Je suis ton père” en plaquant leur main sur leur bouche. Albert a épongé son café, s’est levé de sa chaise, a ouvert grand ses bras en s’écriant : “Ma nièce ! Dans mes bras!” 

C’est vrai que Cléa, c’est un peu comme une grande famille. 

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