18 août 2022. J’avais rendez-vous à 13h30 chez « Perd-son-pneu » afin de remplacer mon pneu crevé.
Je n’ai pas pu faire ma sieste à cause de cela. 13h 30, c’est l’heure de ma sieste, et ma sieste, c’est sacré. Sans elle, je pars en free style, je bats de l’aile.
J’ai tendu mes clés de voiture à un employé qui m’a invitée à patienter dans le salon. Il y avait du thé, du café, des fauteuils confortables, une jolie décoration. De quoi avoir envie de crever chaque semaine.
Je me suis enfoncée dans mon siège et j’ai ouvert « Mansfield Park ». A peine ai-je eu le temps d’en lire trois lignes que l’employé est revenu vers moi.
– Où est votre roue, Madame ?
– Ma roue ?
– Oui, votre ancien pneu. Votre pneu crevé.
– Je l’ai jeté, pourquoi ? (Trop fière de ne pas avoir, pour une fois, laissé traîner l’affaire)
– J’en ai besoin
– Besoin ?!!! Mais il est crevé !
– Le pneu, oui. Mais la roue… j’en ai besoin.
– Oh. Je n’avais pas pensé à cela.
– C’est fâcheux.
– Je retourne chercher ma roue ?
– Ce serait mieux, oui. Voire nécessaire.
Alors je repars à la maison, sur les chapeaux de roue, et je jette ma roue dans mon coffre.
Je reviens m’installer dans le salon. Une dame, qui était là depuis le début, m’interpelle :
– Puis-je me permettre ?
– Euh, oui…
– Vous avez une étiquette qui dépasse de votre blouse.
C’est vrai, j’avais enfilé ma nouvelle blouse et en avais sorti la grande étiquette afin de la couper dans la cuisine, mais dans mon empressement, j’avais omis cette étape. J’ai rentré l’étiquette dans ma blouse. J’ai manqué dire : « C’est la mode à New-York », mais ma nouvelle personnalité m’en a empêché.
J’ai récupéré Etoile et ses nouveaux pneus rutilants, suis rentrée à la maison, lassée de moi-même.
Je me suis dit que ce qui me remonterait le moral, ce serait une bonne dame-blanche. J’ai ouvert le congélateur. Le bac de glace vanille n’y était plus.
Comment se fait-ce ? J’ai cherché vainement dans les autres compartiments de tous nos congélateurs (on en fait une collection). J’ai ouvert le frigo afin de me rabattre sur autre chose. Le frigo était désespérément vide. Quatre petits suisse, un pot de moutarde et… un bac de glace vanille. Qui, évidemment, n’avait pas survécu à son séjour sous hautes températures. J’ai vidé son contenu dans la cuvette des wc. Je me suis assise dessus, et j’ai soufflé.
Pour me changer les idées, je suis allée me promener sur Facebook. J’ai vu que ma copine Cécile avait noté : « Cécile M. est avec Arnaud». Je lui ai laissé un commentaire : « ça alors !!! Tu connais Arnaud ? ». Sauf que la Cécile en question n’était pas Cécile-ma-copine-de-l’-hôpital, mais Cécile-ma-copine-du-basket et que Cécile-ma-copine-du-basket n’est autre que la mère d’Arnaud. Du coup, elle m’a répondu : « Oui en effet, je connais bien Arnaud. Très bien, même ».
C’est un coup classique, car je l’avais déjà fait avec Célia. Je lui avais dit : « ça alors, tu es partie à Honolulu et tu ne nous as rien dit ?!!! », mais ce n’était pas Célia-ma-cousine qui était partie à Honolulu mais Célia-la-soeur-de-Marilou. D’où l’utilité de regarder les noms de famille.
Le soir, Caro nous a invitées à passer la soirée chez elle. Célia m’a dit : « Dis Natha… tu as une étiquette dans ta blouse ». Je ne l’avais toujours pas coupée. Je lui ai demandé : « Veux-tu bien me la couper ? ». Elle s’est exécutée en s’écriant : « Quoi ?! T’as payé ça trente balles ?! ».
Bref. Tout cela pour t’expliquer à quel point mes journées sont fatigantes.
