Lecture

La petite femelle – Philippe Jaenada

« Je suis comme les bébés, quand la nuit tombe, j’ai besoin d’un whisky. Eux, les pauvres, ne peuvent que pleurer, hurler, gémir pour les plus coriaces, passer seuls ce moment bancal, triste et inquiétant de la fin du jour – on m’en parlait, je n’y croyais pas jusqu’à ce que je le constate sur mon fils, lors de ses premiers mois sur terre : dès qu’on commence à respirer, on a sobrement, profondément conscience d’un malheur vers dix-sept heures en hiver, plus tard en été, la sensation de perdre quelques chose. Ensuite, avec l’âge et l’entraînement, on se débrouille, certains passent des coups de fil ou regardent n’importe quoi à la télé, d’autres se mettent à courir autour du pâté de maisons en tenue de sport, ma femme joue de la trompette, les plus fatalistes ou plus faibles boivent quelques verres. De whisky donc pour moi. Ça m’aide, m’éloigne, estompe le changement de lumière, mais à cinquante ans, vingt ans, comme à six mois, même enfoui, le malaise persiste. Surtout, ces temps-ci, quand je pense à Pauline Dubuisson. »

Ainsi s’ouvre le livre de Philippe Jaenada, relatant un « fait divers » ayant défrayé la chronique en France dans les années 50 : Pauline Dubuisson, belle jeune femme dans la vingtaine, a abattu son amant.
Philippe Jaenada rouvre son dossier et, richement documenté, se met à déconstruire toutes les rumeurs et les ragots qui sont allées bon train à l’époque, jusqu’à faire d’elle un monstre. Son but n’est pas de l’innocenter, mais de recontextualiser les évènements afin de rendre un peu d’humanité à la meurtrière. Pour ce faire, il retrace toute sa vie, dans un style flamboyant, sincère, drôle, et même déjanté parfois. On lit le déroulement de sa vie à elle, certes, mais également son avis à lui sur la question, emprunt d’un amour démesuré et d’un soupçon de mauvaise foi. Expert de la digression, il n’hésite pas à ouvrir des parenthèses sur certaines anecdotes personnelles, toujours hautes en couleur (je pense notamment à l’hilarant récit d’une cuite lors de la remise d’un prix littéraire qui, à elle seule, vaut le détour).
Mon humble avis : J’ai adoré, même si j’y ai trouvé pas mal de longueurs et de redites (le bouquin fait tout de même 750 pages).

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