Je ne pense pas t’avoir déjà parlé des nouveaux habitants de la mare : Donald et Mélanie, un couple de canards, ainsi que Lucky, le canard solitaire (nommé de la sorte en référence à Lucky Luke, poor lonesome cowboy).
Ils ont atterri chez nous il y a quelques semaines d’ici, avec l’arrivée des beaux jours (je plaisante)
et, totalement insensibles à nos bruits de fourchettes tapées sur des casseroles (Mère ne supporte pas qu’ils s’ébrouent dans sa mare car ils font ainsi remonter la vase), ils n’ont plus jamais daigné en bouger.
Jason Bourne, le héron, plus ancien locataire de notre plan d’eau, prend lui aussi ses aises depuis qu’Happy n’est plus là pour le pourchasser avec hargne.
Avec pareille ménagerie (n’oublions ni les trois chats ni les trois moutons), tu te doutes bien qu’il se prépare une belle pagaille.
Enfin, ceci dit, le ravissant spectacle permanent de ces bestioles a le mérite d’enseigner à Hannah « les choses de la vie ».
L’autre jour, alors qu’elle observait par la baie vitrée un gang bang de canards affamés de sexe (trois mâles se disputant une femelle, on aurait dit « Dans l’enfer des tournantes » version canards) Hannah demande à Adèle : « Dis Tata… ils font quoi, les canards ? » Adèle, prise au dépourvu, tente une explication somme toute assez plate. « Ben tu vois, ils attrapent le cou de la femelle » Voyant qu’Hannah reste perplexe, elle lui précise : « Chez les canards, les mâles ont le cou de couleur verte. On les appelle les colverts ».
Apparemment l’explication lui suffit car elle se détourne du cruel spectacle pour jouer avec ses poupées.
Mais au soir, une fois rentrée chez elle, Caro nous appelle. « Qu’est-ce qu’il s’est passé tout à l’heure ? Hannah me raconte qu’un canard a mordu le cou d’un autre canard et que ça l’a rendu tout vert. Je ne comprends pas bien… »
Et demain, cher Gary, je te raconterai une histoire de moutons.
