Récits

Pluie sur mes terres

17 août 2022. «Il pleut, c’est malheureux il pleut, depuis ce matin » chantait Emilie Simon.

« Malheureux », je ne sais pas, puisque cette pluie, qui fait suite à une sécheresse sans précédent, était attendue comme le Messie par tout un chacun.

Les uns respirent enfin et les autres se voient soulagés.

Mais qui sont ces autres ? (Qui sont-ce ?) Je veux parler des Terreux. A ne confondre ni avec terriens, ni avec les bouseux. Les Terreux, c’est un terme de mon invention dont je me dois d’affubler ceux et celles qui sont encore en lien avec la terre. Les fermiers, les Potagers, les culs-terreux, les paysans, les bienheureux. Ceux dont je n’ai jamais fait partie, étant plus urbaine, plus portée sur le sushi en terrasse que sur l’arrachage de la betterave chiogga.

Mais maintenant que je suis en charge du potager, je me prends à sortir des phrases de cet acabit : « Ce qu’il nous faudrait, c’est une bonne pluie » « Mes cultures sont en danger » « Encore un été comme celui-ci et je serai bien en peine de nourrir toutes les bouches de ma famille ».

Hier par exemple, je me prenais pour le Bossu de Marcel Pagnol, transportant des seaux d’eau à travers la garrigue, fourbue sous un soleil de plomb, et je regardais avec angoisse le fond de mon puits (mon tonneau) desséché, me demandant de combien d’allers et retours j’aurais encore besoin pour sauver choux et brocolis.

Hier encore, nos amis à quatre pattes me foutaient une paix royale, hormis les épisodes narrés dans ma missive.

Le chien faisait corps avec le carrelage, la langue pendante. Les chats étaient comme figés sur des coussins, ou partis en ribote le long des sentiers en fleurs.

Les moutons paissaient dans leur prairie, à la recherche d’une herbe devenue chips au sel tant elle était jaune et craquante.

Hier encore, la chaleur était telle qu’en allant manger en ville avec Sophie, nous nous espongions les aisselles avec des serviettes en tissu en déclarant : « Il fait tellement chaud qu’on a l’impression de vivre dans un panier de Dim sum ».

Mais aujourd’hui le monde a changé.

Une pluie fine et continue arrose mes terres. La flore comme la faune reprennent allégresse.

Dans les bois, la terre est encore à l’état de poussière, et ce malgré les ondées, rendant mes chaussures immaculées couleur truite saumonée en vieux marron sale.

Le chien continue son oeuvre en vidant les pots de fleurs. Lui aussi, tout comme moi, se met à prôner son amour de la terre.

Les chats rentrent au logis.

Et c’est exactement là que le bât blesse.

Stanislas ne me quitte pas d’un pouce. Elle s’étend sur la méridienne du fauteuil et j’ai beau lui expliquer que si je me suis installée en cet endroit, c’est précisément pour pouvoir allonger mes jambes, elle semble rester insensible à mes arguments.

Elle miaule beaucoup. J’ai l’impression qu’elle tente de m’expliquer quelque chose, mais mes connaissances en langage félin sont trop rudimentaires pour pouvoir la comprendre et lui répondre.

Et c’est sans parler de Bébédoux, qui lui aussi me les brise menu en miaulant dans ma direction toute la sainte journée, soit parce qu’il ne parvient pas à descendre l’escalier et qu’il veut que je le porte, soit parce qu’il veut monter sur Jocelyne (étrange tournure de phrase) et qu’il veut que je l’y dépose. De plus, c’est à croire que ce chat est aquatique ou submersible, car il rentre détrempé par la pluie comme s’il avait chu dans l’étang.

Les moutons eux aussi commencent à ressembler à s’y méprendre à des barbe à papa tant ils sont gorgés d’eau. Je n’ai plus qu’à les immerger dans le sucre et je fais un tabac à la foire d’été.

Tout cela pour te dire qu’il n’est pas de tout repos d’être Terreuse, même si je pressens qu’en aimant la terre, « t’es rien, peut-être, mais t’es heureuse ».

Récits

16 juillet 2022. Je suis arrachée à mes écrits par des cris venant du fond du jardin. « Viens nous aider, Natha !!! »

Ni une ni deux, j’accours.

C’est dingue, quand-même : je pars cinq jours à peine, et à mon retour, mes colocataires se sont transformées en véritables bergères faisant paître leurs troupeaux dans la lande.

Sauf que leur troupeau est récalcitrant. L’un d’entre eux (j’ignore lequel, je n’ai pas encore imprimé qui était qui) a commis une évasion à la « Prison break » et se dirige dangereusement vers les choux luxuriants d’Adèle.

Mère ouvre ses bras en croix et lui parle avec douceur et fermeté : « Retourne à la maison. Retourne à la maison »

Le mouton-chèvre la regarde d’un air étrange, de ses yeux jaunes fendus à l’horizontale et semble très clairement se foutre comme d’une guigne de ce que la bergère à semi-folle lui murmure à l’oreille. Il s’en bat totalement les steaks, lui, ce qu’il veut, c’est se faire un gueuleton à base de choux et éventuellement de branches de framboisiers qu’il commence d’ailleurs à arracher avec détermination et volupté.

« Non, pas les framboisiers » lui défend Adèle. Natha, va chercher leurs graines dans la cuisine, s’il-te-plait ».

J’ignorais que les ovidés mangeassent des graines, mais je dois bien reconnaître que ceux-ci échappent à tout signalement, alors je m’exécute.

Quand je reviens avec mon seau de graines, un second mouton s’est échappé de l’enclos. « Ce sont les Houdini des moutons !!! » s’exclame Adèle qui craint de plus en plus que ses crucifères ne s’évanouissent dans la nature. Elle secoue le seau. Ils aiment ce bruit. Ils relèvent la tête. J’imagine que pour nous, cela équivaut au tintement d’un paquet de M.M’s version familiale que l’on secouerait pour nous appâter. Ils la suivent.

– Mais tu ne les avais pas entendus ?! Cela fait un moment qu’ils étaient en train de bêler » dit maman.

– C’est à cause de son audition remarquable », répond Adèle.

Récits

Mouton breton

  • Il faut commencer par débroussailler le terrain, m’explique maman.
  • Pourquoi ?
  • Tu as vu la hauteur des herbes ?! Si on jette des moutons nains là-dedans, sûre qu’on ne les retrouve plus avant la fin de l’hiver.

C’est vrai que les herbes sont hautes. Mère a semé un immense pré fleuri s’étendant jusqu’au ruisseau du fond. Elle se met à débroussailler. Je ratisse derrière elle, sous le soleil exactement, un fichu sur la tête.

  • Comment ça va, Gwenda la saxonne ? me crie Adèle, faisant référence à notre cher Ken Follett.
  • Mal, lui dis-je, le dos en compote, le visage ruisselant de sueur.
    Le soir, je dois faire des étirements tant mon corps est perclus de douleurs.

On cherche des renforts pour nous prêter main forte samedi. Alain, Loren et Dorian répondent présents. Il faut enfoncer les pieux à coups de massue. Je me charge d’arroser les piquets afin qu’ils entrent plus facilement dans une terre meuble. Alain se fout de ma balle. « Ils ne pousseront plus, tes piquets, Natha ».
Il faut déplacer tout un tas de bûches de bois qui se trouve pile à l’endroit où viendra la clôture. Dorian et Loren s’en chargent. Ils sont si méticuleux qu’on dirait qu’ils ont travaillé au fil à plomb. Leur méthode plait à Mère qui leur promet de les réengager dès qu’elle en aura besoin.

A midi, on se pose. Je ne redémarrerai plus ; j’essaye de respecter mes limites qui sont déjà bien entamées. On parle des noms que l’on aimerait donner à nos moutons.

  • J’ai pensé à Helmut, dis-je fièrement.
    Loren apprécie mon idée. Helmut comme El’mouton, Helmut le moutmout’, bref un trait de génie.
  • On cherche plutôt dans les noms bretons, explique Adèle. Parce que c’est une espèce bretonne.
  • Nolwenn ? Dis-je, car c’est le premier prénom qui me vient.
  • Euh… tu permets, me tempère Alain. C’est ma fille.
  • Ah ouais, pas sûre qu’elle sera d’accord qu’un de nos moutons porte le même nom qu’elle…
  • Manau ?
  • Matthieu ?
  • Enora ?
  • Gaëlle ?

Rien ne sonne bien à nos oreilles. Et puis, autre difficulté, on aimerait que les prénoms aillent par trois.

  • Comme Riri, Fifi et Loulou, dis-je.
  • Oui, mais en mieux.
  • J’ai une idée ! s’exclame Loren.
  • Vas-y, balance, lui ordonne Adèle.
  • Gigot, Méchoui et Ragoût.
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Compter les moutons

5 juillet 2022. Mère a remis sur la table le sujet des moutons. Elle trouve que ce serait bien d’en mettre dans le fond du jardin afin qu’ils mangent les herbes hautes et qu’elle ne doive plus faucher. Mais cette fois, Adèle, devenue une véritable métayère, la prend au mot et lui annonce : « Je vais me renseigner ».

Quand Adèle se renseigne, il faut craindre le pire. Disons qu’elle est plutôt du genre efficace ; tout l’inverse de moi. Ce qui fait que Mère a à peine eu le temps de passer la journée à son stage de poterie qu’à son retour, les moutons broutaient dans la prairie.

J’exagère, Gary.

En vérité, elle avait pris tous les renseignements nécessaires et avait noté sur un papier les races intéressantes et sociables, calculé le nombre qu’il fallait compter au cheptel proportionnellement à l’étendue de nos terres, (trois moutons nains) ainsi que le nombre de piquets à planter et le kilométrage de clôtures à acheter, laissant Mère la bouche close devant le fait accompli.

Si je te raconte tout ça, tu te doutes bien que c’est parce qu’il y a un hic.

Adèle s’est renseignée auprès d’une société nommée « La petite biquette dans la prairie », parce que le nom lui inspirait confiance. Le type lui a dit :

– J’avais 120 moutons et j’en ai vendu 110, ce qui signifie qu’il ne m’en reste plus que 10. En d’autres mots, vous devez vous dépêcher.

Adèle se demande comment venir les chercher.

– Est-ce que vous faites des livraisons ?

Je me marre. On dirait qu’elle téléphone à Déliveroo pour se faire porter un plat de sushis. Je vois déjà le Uber sur son vélo, sonnant à la porte, deux moutons accrochés au porte-bagages, le troisième accroché à son dos.

Elle précise :

– Je n’ai pas de camionnette. Juste une voiture.

– En effet, répond-il, les transporter dans votre voiture n’est pas recommandé.

Je me demande si c’est parce qu’ils ont le mal des transports et qu’en plus de chier sur les sièges, ils se permettent de choisir la station de radio et exigent des pauses au Flunch sur l’autoroute.

– Voulez-vous que je vous les dépose aujourd’hui ? demande l’homme, pressé de nous jeter ses bestiaux.

Bon. Il se fait que la clôture n’est pas mise et que si on nous décharge une brouettée de moutons cet après-midi, ils risquent de mettre le dawa dans le jardin que Mère a passé tant d’heures à rendre parfait.

J’imagine déjà les moutons allongés sur les transats, installés dans le flamand rose gonflable, un verre de porto à la patte ou encore s’en prenant aux rosiers Charles Aznavour.

– Hors de question, crie Mère. Tu ne peux pas lui demander de nous les laisser de côté ?

– Maman, ce n’est pas comme si un lecteur me demandait de lui laisser un Barbara Cartland sur l’étagère, lui dis-je pour la raisonner.

– Ben quoi… on peut peut-être faire une réservation ?

Après négociations, le vendeur nous annonce qu’il les livrera lundi matin, très tôt. Il ne nous reste que quelques jours pour installer la clôture.

Je me réjouis intérieurement.

J’ai vraiment hâte de m’occuper de ce genre de chantier.

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Ma vie de gentleman farmer

J’étais tranquille, j’étais peinard, allongée sur mon lit, les pieds en l’air, en train de commencer l’écriture d’un roman fleuve quand mon téléphone a sonné. « Anne », indiquait-il. J’ai décroché.

  • « Dis, Natha, qu’est-ce que tu es en train de faire, là ? ». « Je suis en train de rédiger mes mémoires, pourquoi ? ». « Est-ce que par hasard tu aurais une demie heure à me consacrer ? ». « Là présentement ? ». « Oui, là présentement ».

Un léger doute a effleuré mon être. Cela s’appelle la méfiance, et c’est un sentiment bien naturel pour peu que l’on ait une famille comme la mienne.

  • « Que se passe-t-il donc de si urgent ? » ai-je demandé, intriguée. « Mes moutons se sont échappés de leur enclos et se dirigent dangereusement vers les laitues du voisin. J’aurais besoin d’un coup de main pour les ramener dans leur prairie ».

Silence derrière la ligne. Silence de surprise et de stupéfaction. Non mais à quel moment ma tante a-t-elle cru que j’avais fait un post-doctorat en bergerie, je vous le demande ?

Il est vrai que j’aurais pu m’initier à ce métier l’été passé, lors de notre voyage en Islande, car nous avions croisé un mouton égaré sur le bord de la route. Mère s’était alors improvisée bergère en ramenant la pauvre créature vers les siens, usant d’un langage inconnu qu’elle a déclaré être « le mouton ».

Mais je ne suis pas certaine que « le mouton » se transmette de mère en fille, car, la seule fois où je me suis approchée de l’une de ces bestioles, j’étais enfant et mon chien avait fait si peur à l’animal qu’il s’était retourné sur le dos. Il gisait là, les quatre fers en l’air, comme une tortue sur sa carapace et, avec Caro, Odile et Martin, on essayait vainement de le remettre sur ses pattes, en proie à la panique.

Donc, je dirais, comme ça de but en blanc, que la femme qui murmure à l’oreille des moutons, ce n’est pas forcément moi.

Mais je suis ainsi faite qu’il m’est tout bonnement impossible de laisser une âme pure dans l’embarras, alors j’ai sauté dans mes baskets blanches à paillettes et je suis passée devant Mère qui était en train de biner la terre du talus et quand je lui ai expliqué pour quelle raison je filais ainsi, elle a émis un léger sarcasme et, pleine de son expérience islandaise, elle m’a dit, d’un ton assuré : « Tu veux que je vienne ? ».

« Non merci, ça va aller ».

Si j’y suis allée, c’était seulement et uniquement pour avoir quelque chose à raconter sur mon blog : Cette fois c’est officiel, mes vacances sont si rasoir que j’en suis réduite à aller chasser le mouton pour avoir quelque chose à vous mettre sous la dent.

Faites-moi un truc de fou

En moins de cinq minutes, j’étais sur place. Anne était sur le pied de guerre. Elle avait déployé sur sa table de jardin foultitude d’outils saugrenus dont l’utilité m’échappait et elle scrutait la prairie d’un air mauvais. Moi qui m’attendais à courser deux dangereux échappés d’Alcatraz, il n’y avait là que deux gentils moutons en train de brouter paisiblement dans leur prairie, nous observant d’un œil torve.

« Tu as vu la cruauté dans leur regard ? » me dit-elle, s’emparant brusquement d’une pince coupante aussi grande qu’elle.

« Mais… Ils sont dans leur prairie… Ils ne se sont pas échappés du tout », ai-je tenté. « C’est parce que je viens de réussir à les faire rentrer, mais regarde : Ils ont défoncé la clôture ». Et de fait, Ginko et Biloba avaient confondu le filet de la clôture avec quelque chose qui se mange. « Il faut renforcer la clôture pour qu’ils ne s’échappent plus », m’a-t-elle dit.

De nouveau, je me suis demandée à quel moment elle avait cru que je pourrais lui être d’une quelconque utilité, mes aptitudes manuelles étant de notoriété publique.

J’ai lancé un bref regard sur la table, perturbée par les outils qu’elle avait rassemblé. Il y avait là : des pinces coupantes, des colsons, mais aussi un masque de Venise, un casque de soldat en plastique, et un grand sachet de nourriture pour chien.

  • « C’est quoi ça ? » lui ai-je demandé en pointant le sac du doigt. « Ça ? Mais ça se voit, regarde la photo : c’est un chien de berger. Je me suis dit que ça pourrait nous être utile ».
  • « Tu veux dire qu’il y a un chien de berger enfermé dans ce sac ? ».
  • « Oui ».
  • J’ai ouvert le sac, qui contenait des petites croquettes.
  • « Il est lyophilisé, alors, ton chien de berger ».
  • « Oui, mais je n’ai pas encore eu le temps de le réhydrater ».
  • « Ce n’est rien. Laisse tomber. On fera sans lui », ai-je dit avec l’aplomb des femmes émancipées.

« Tu sais, ai-je tenté afin de me sortir d’embarras, si tu as des problèmes avec eux, c’est à Pierre le chevrier de venir t’aider ».

« Pierre le chevrier est dans un camp de nudistes en Ardèche », me répondit-elle.

Là j’ai imaginé un type en train de courir cul nu dans les montagnes, la floche à l’air, chaussé de bottines de randonnée, suivi par 36 moutons et j’ai dit : « Donne-moi ça. On devrait s’en sortir sans lui. « 

Nous nous sommes dirigées vers la clôture éventrée et avons commencé à la remettre sur pieds.

Je sais que parfois, mon imagination a tendance à me jouer des tours, ou alors c’est Mélanie qui est parvenue à corrompre mon esprit en m’obligeant à regarder Jurassic park sans relâche, mais j’ai pensé à cette scène où ils doivent réparer la clôture et l’escalader sans savoir à quel moment le courant reviendra.

Je me suis dit qu’Anne avait peut-être raison, ces bêtes avaient le regard cruel, et qu’il valait mieux les enfermer à triple tour pour éviter qu’ils ne s’échappent et ne sèment la panique dans tout Malonne-city.

Des sauveuses, voilà ce que nous étions. Ni plus ni moins. Qui risquaient de se prendre un million de volts dans le cul.

Une fois le travail accompli, nous nous sommes dirigées vers les salades du voisin pour vérifier qu’elles étaient toujours en place et là, un type est sorti de sa maison, armé d’un arc à flèches. Mais pas un joli arc en bois du genre Robin des bois, non.

Un truc de combat, futuriste, un outil fabriqué pour terrasser un Velociraptor, justement.

J’avoue que j’ai pensé que le délire allait trop loin, mais Anne avait l’air rassuré. Elle a d’ailleurs précisé : « C’est mon voisin, il tire à l’arc ». « Ah oui, je vois ça ». « Et parfois, Duchesse-le-chat se met en travers de lui et la cible ».

Et puis, il me semble que le gentil voisin a déclaré : « Si tes moutons viennent bouffer mes salades, ils finiront en méchoui ». Mais ça, qui sait, peut-être que je l’ai inventé, juste pour vous amuser…

Oh yeah