Lecture

L’hiver ensorcelé de Moomin – Tove Jansson

Les Moomins sont, à coup sûr, mon premier coup de coeur littéraire, les premiers romans lus dont j’ai gardé une sensation intacte.

Quel bonheur que de les re-re-redécouvrir grâce à ce magnifique travail de réédition au Lézard noir. (ICI)

L’univers de Tove Jansson est absolument merveilleux tant par son écriture que par les personnages peuplant sa Vallée. Sans oublier son sublime coup de crayon. Imagination au pouvoir, nature indomptable, gentillesse et parfois, des situations ne connaissant pas de dénouement favorable, comme dans la vraie vie. Je sais que Tove Jansson, tracassée par l’arrivée de la seconde guerre mondiale, a voulu créer un monde à elle, plus beau que le nôtre, et le pari est réussi haut la main car il est bien inconfortable de tourner la dernière page de chacun de ses livres.

 » Toute la Vallée ressemblait à un paysage lunaire et capricieux. La neige faisait de grosses bosses rondes, ou alors de jolis coteaux arrondis d’un côté et de l’autre coupés net comme par une lame de couteau. La moindre brindille avait un chapeau blanc. Et les arbres avaient l’air d’énormes pièces montées en meringue, conçues par un pâtissier farfelu. »

Il y a plusieurs mois, j’avais relu « Papa Moomin et la mer », au style littéraire incomparable.

« Pendant que Moomin avançait au ras du sol et s’enfonçait de plus en plus profondément dans le bois, l’horrible sensation d’être enfermé le quitta. Il se sentit au contraire protégé au cœur de cette fraîche obscurité, il était juste un petit animal qui s’était caché pour avoir la paix. Soudain il entendit de nouveau la mer, et le soleil vint à sa rencontre, chaud, éblouissant. Moomin était arrivé dans une clairière au milieu du fatras des petits arbres. Elle était toute petite, à peu près comme deux lits posés côte à côte. Il y faisait chaud, des abeilles bourdonnaient au-dessus des fleurs et la forêt montait la garde autour. Le feuillage des bouleaux nains se balançait au vent, formant un toit léger que le ciel pouvait percer. C’était une merveille. Moomin avait rencontré l’absolu. Personne avant lui n’avait pénétré jusqu’ici. Cette clairière était la sienne. »