Récits

Bouc

Il y a un petit bouc en céramique posé en décoration sur une étagère.

Uros ne l’aime pas.

Il croit que c’est un chat, donc il se met régulièrement à sauter sur ses pattes arrière en aboyant contre lui.

Mère soulève le bouc et le porte à la truffe du chien en lui disant : « Tais-toi. Ce n’est pas un chat. Regarde : c’est une statue. Elle ne vit pas. »
Mais Uros est méfiant. Il sait que, les apparences étant trompeuses et ne nous connaissant pas encore bien, nous pourrions lui mentir. Il se pourrait que le bouc soit en vérité un chat. Alors il continue à sauter et à aboyer à l’encontre de cette malheureuse statuette.

Mère lui intime à nouveau à se taire (en vérité, à « fermer sa gueule ») ce que le chiot fait enfin.

« C’est bien, Uros », dit Mère en récompensant le chien d’une croquette de cerf.
« Maman ! s’indigne Mathilde. Il fait une connerie et tu le félicites avec de la bouffe ! »
« Mais non, se défend Mère. Je le félicite quand il arrête son cirque et se comporte bien ».
« Elle faisait déjà comme ça avec nous, dis-je à ma soeur en réchauffant ma purée. Chaque fois qu’on se comportait bien, elle nous donnait un bonbon. D’ailleurs, regarde-moi : j’ai été quelqu’un d’exemplaire ».
Mère ronchonne : « Taisez-vous. Je fais de l’éducation positive ! C’est à la mode. »
Mathilde fait la moue. « En tout cas, ce n’est pas ce que tu as fait avec nous. J’ai l’impression qu’on s’est bien fait baiser la gueule ».

Récits

Chacha

Malgré que nous les ayons enfermées dans une boite de glace à la vanille vide, l’odorant fumet des croquettes de cerf transperce le plastique, parvenant aux moustaches de Stanislas qui rapplique dare-dare, dévalant les escaliers à toute vitesse. Telle une furie, elle plonge sauvagement sur la boite et l’arrache des mains d’Adèle qui, surprise, lui demande : « Tu veux des croquettes, ma pèpètte ? ». Stanislas répond par l’affirmative en tentant de faire sauter le couvercle. « Ca va, ça va, laisse-moi deux secondes, je vais t’en donner » dit Adèle en faisant la grimace.

Ces croquettes blairent, c’est un fait. Mais le chat se jette dessus comme si sa vie en dépendait et s’en bâfre avec une furie inédite.

Nous rions.

« Il y a quoi, dans ces putains de croquettes ? » me demande Adèle.

« Du crack, au minimum » dis-je, observant notre chat faire des roulades sur le carrelage afin de protester contre la fermeture de la boutique de son dealer.

Récits

Viande

Adèle fait une virée chez « Ecailles et plumages » afin de préparer l’arrivée de son nouveau chien.

Les vendeuses, ayant le flair des plus fins limiers concernant ce genre d’affaire, fondent sur ma soeur, ayant détecté l’arrivée imminente d’un heureux évènement.

« Vous allez avoir un chien ?! » demandent-elles, la bouche en coeur.

« Oui. Et d’ailleurs, j’aimerais recevoir quelques conseils concernant les friandises. Lesquelles choisir ? ».

Les vendeuses l’invitent à repasser au magasin lorsque le chien sera arrivé afin qu’il puisse choisir par lui-même. « Vous verrez, il vous montrera clairement ses goûts et préférences », précisent-elles.

Adèle part donc présenter son chiot au magasin et, en bonne végétarienne, parcourt les allées avec une mine de dégoût, s’arrêtant tantôt devant des trachées de boeuf, tantôt devant des oreilles de vaches avant de découvrir que le coeur de son chiot bat plutôt pour des sabots de porc et des croquettes de cerf.

La belle affaire.

Récits

Américain

Avec Pascale-Chouchou, nous avons dégoté un nouveau QG dans lequel nous restaurer, nommé fort à propos : « Le QG ». C’est pratique, parce qu’il se trouve à mi-chemin entre nos deux demeures. La dernière fois que nous y avons mangé, j’ai commandé un américain frites et j’ai été malade comme un chien, me transformant le temps d’une nuit en fontaine de Trevi.
Tu pourrais penser que rien ne m’oblige à te parler d’évènements aussi désastreux qu’intimes, mais contrairement à ce que tu crois, ils ont un intérêt littéraire. En effet, les romans célèbres regorgent d’empoisonnements divers et variés. Je pense à Roméo et Juliette, je pense à Tristan et Iseult. Puis il y a moi, la Emma Bovary du pauvre, retrouvée étendue sans grâce dans une flaque de vomi. Reconnais que ça a tout de suite moins de prestige que les héros romantiques précités, mais que veux-tu…on a le destin tragique que l’on mérite.
Pas rancunière pour un sou, je réitère l’expérience du QG, mais en commandant cette fois une viande bien cuite (pas folle la guêpe). Chouchou commande pareil et nous trinquons d’abord avec des cocktails en abordant le sujet des enfants, pour en dire du mal (ces petites créatures sont viles et épuisantes : des nains bourrés, disait mon amie Céline avant de tomber enceinte) quand un vieil habitué tout recroquevillé qui mange son steak à la table d’à côté (« Ce sera sans Madame, ce midi ?! ») nous interpelle. « Excusez-moi, mais j’entends que vous parlez d’enfants… »
Le vieux se lance d’abord dans un laïus sur la politesse, qui est ma foi bien disparue de nos contrées, pour ensuite bifurquer sur ses expériences en tant que famille d’accueil d’urgence. Le type est fort intéressant, mais il parle bas et Pascale est obligée d’entourer son oreille d’une de ses mains, en cornet, ressemblant à s’y méprendre à Tryphon Tournesol.
Il commence à nous sortir ses dossiers, tous plus sordides les uns que les autres, depuis 1734 et dans l’ordre chronologique. Et vazy que je te parle d’enfants élevés dans des parcs à chiens, sodomisés par des bouledogues pendant que tu découpes ta viande saignante, et vazy que je te fragilise le maigre moral que tu as longuement et douloureusement récupéré en te le brisant à coups de misère humaine. Voyant que je blêmis et sachant que je suis pour l’instant d’une sensibilité à fleur de peau, Pascale-Chouchou nous sauve la mise en mettant un terme à cette conversation qui n’en finit pas, nous exfiltrant habilement du restaurant.
Sur le parking, elle me dit : « Sympa, le Raymond, mais je sentais bien que si on le laissait parler, il allait tourner en boucle comme ces chaînes d’info continue. Et puis, il avait pas l’air super en forme, hein. Plutôt du genre à avoir fait une overdose de Xanax ».
Au lieu de rester au QG, devenu une zone doublement dangereuse (viande faisandée et vieillard gore), nous avons bifurqué vers « Le pain de jadis et naguère » afin d’acquérir deux beaux gros desserts, histoire d’avoir à éviter de départager les torts entre les deux boutiques en cas d’intoxication future.

Récits

Omelette

Uros fait à peu près une connerie par seconde.

Afin de bien te rendre compte de ce que cela représente, sache qu’il y a un nombre incroyable de secondes dans une journée. Quatre-vingt-six-mille-quatre-cents, askip.

Pas plus tard qu’à l’instant, mes colocataires quittent la maison chaussées de baskets en m’annonçant tout de go que c’est à moi qu’incombe la responsabilité de l’Animal durant la durée de leur jogging.

J’ai à peine tourné le dos au bestiau afin de me préparer mon souper qu’il a déjà plongé dans la dînette d’Hannah pour en extraire un faux oeuf en plastique qu’il mâchouille, pour ne pas dire éclate.

Je souffle car je sais que cet épisode à lui seul vient de me réduire à tout jamais au rang de personne indigne d’assurer la bonne tenue d’une maisonnée. Me voilà, en une seconde et par la faute d’un oeuf dur, stigmatisée.

Rusée, je décide de jeter à la poubelle le fruit du larcin de notre nouveau chien afin de préserver une façade de dog-sitter irréprochable.

Mais Uros est allongé devant le meuble et il le gratte de ses grosses pattes comme s’il creusait une taupinière.

L’oeuf a roulé en dessous.

Je me penche, mais mon inclinaison n’est pas suffisante. Je dois m’allonger sur le carrelage. Je tends le bras sous le meuble et tâte la multitude de nounous jonchant le sol. Uros en profite pour me mordre le chignon et le balancer dans sa gueule comme quand il pense croquer le cou d’une belette.

Je me relève d’un bond. Tellement vite que des dizaines d’étoiles lumineuses dansent derrière mes paupières.

J’ai le tournis.

Je m’assieds.

Je renonce à l’oeuf.

En-dessous du meuble, c’est tout aussi bien que dans la poubelle.

Avec un peu de chance, personne ne le trouvera jamais.

Récits

Bergères guèrrières (ou pas)

Pour ceux qui auraient loupé la saison 1, cet article fait suite à ceux-ci :

Il serait présomptueux de croire que nous, humains, avons une quelconque influence sur le règne animal. Une ascendance. Si même mon chat n’en fait qu’à sa tête, tu penses bien que trois moutons partis en free style dans une immense pelouse bien grasse se carrent bien le fion de ce que tu leur raconte. A nos sévères : « Elga, Flocky, Oda, venez ici » ils répondent par un immense et savoureux bras d’honneur. « Mais allez tellement vous faire foutre, bande d’humaines. Vous pouvez toujours siffler et battre la caisse, nous, on se la donne à la Costa Brava ».

Mais c’est sans compter qu’Adèle n’est pas d’humeur. Après quelques résistances montrées par le troupeau, elle décide de passer à la manière forte. « Prends un balai, Natha », m’ordonne-t-elle en en faisant autant.
Le but : les acculer dans un coin en les effrayant à l’aide des deux brosses, puis les rabattre vers leur domicile.
La réalité : moi en pantoufles roses en train de gesticuler, balai en mains.

Mais notre plan, même s’il semble infaillible, échoue lamentablement.

Les bêtes ont compris qu’en s’éparpillant, partant toutes trois dans des directions opposées, échappent à nos barrières mobiles, contribuent à nous rendre chèvres et en profitent pour se régaler en passant de bourgeons bien tendres. C’est ce qu’on appelle une furieuse débandade. Nous les poursuivons en vain, armées de nos manches de brosses, dans une chorégraphie digne du clip « Spacer » de Sheila, pendant que nos moutons se rient de nous.

Pour parfaire l’ensemble, il se met à pleuvoir assez sinistrement.


Après moultes tentatives, nous parvenons enfin à les faire entrer dans leur clôture, haletantes et hurlant des cris de victoire.
« Enfin ! s’écrie Adèle. J’ai cru qu’on n’y arriverait jamais ».
« C’est sans compter qu’on est des pros » dis-je, hors d’haleine, les pantoufles à présent totalement imbibées d’herbe verte.
Nous refermons vivement le portail et contemplons notre victoire, fières de nous, lorsqu’Adèle crie : « Oh noooon !!! L’autre sortie… »
« Quoi ? »
« On a oublié de la refermer », me précise-t-elle au moment même où les trois moutons la franchissent à nouveau afin de se lancer dans une nouvelle échappée.
« On est tellement des boulets » me dit-elle en baissant les bras pendant que les trois bestioles décapitent les rosiers de Mère.

Récits

Surprise

Dimanche, Père invite ses filles et sa petite-fille à prendre un verre, entre Sacré. Nous allons au « 2020 », le café tenu par notre cousin Mathieu.

Nous commandons nos boissons puis Père aperçoit, sur la table d’à côté, un petit pot rempli de sortes de petites croquettes aux couleurs de l’arc-en-ciel.

« Qu’est-ce que c’est, ce truc ? » nous demande-t-il.

« Aucune idée… ce sont peut-être des chips. »

« Tu penses que ça se mange ?! Moi je pensais plutôt à une nouvelle sorte de drogue à la mode chez les jeunes »

« Et tu penses vraiment qu’il les laisserait traîner comme ça à table ? » lui dis-je, offusquée.

Caro nous interrompt. « Vous êtes vraiment débiles. Vous ne voyez pas que ce sont des bonbons ?! »

« Oh super ! s’exclame Père. Passe-les moi, Nounou ».

Je tends le bras pour les attraper quand Mathieu arrive avec nos boissons. Il nous les pose une par une puis il demande : « Vous n’auriez pas vu la bouffe des poissons ? Il me semblait pourtant que je l’avais posée là… »

Récits

Collier de perles

Adèle quitte la pièce en annonçant : « Je vais voir si Oda va bien ». Je sais, même si elle a trouvé une manière délicate de l’énoncer, que cela signifie qu’elle s’encourt soulever la queue de son mouton afin de vérifier que des mouches ou des asticots ne grouillent pas dans le pelage de son arrière-train.

Je fais une légère grimace puis me replonge dans mes « Notions de psychopathologie psychanalytique » car, comme le disait si bien Jésus : « Chacun sa croix ». Elle me crie depuis la pelouse : « Est-ce que tu pourras m’apporter des ciseaux si je vois que j’en ai besoin ? » Cette aide étant de ma compétence, je lui réponds par l’affirmative.
Evidemment, cela ne tarde pas. Une fois arrivée derrière le cul de son mouton, elle me crie depuis le lointain qu’elle aurait en effet besoin de l’outil. Je m’en empare donc et traverse, en pantoufles roses serties de pompons (il est important de le stipuler) une pelouse humide de rosée puis je tends à ma soeur l’objet de sa requête. Elle me dévisage des pieds à la tête et demande : « Tu comptes entrer dans la prairie en pantoufles ? » « Non, lui dis-je en lui parlant comme à un enfant demeuré. Je compte te tendre la paire de ciseaux et puis me casser ». « Mais je t’ai dit que j’avais besoin de ton aide ! » « Tu n’as rien dit de la sorte » « Si, Natha. C’est juste que tu es sourde ».
J’évalue la distance prairie-maison puis je jette un regard neutre sur mes chausses roses et poilues et ce rapide calcul me confirme que j’ai trop la flemme de retourner mettre des bottes, mieux vaut risquer d’avoir les pieds mouillés. J’enjambe donc le grillage. Adèle me prévient : « Tu sais que cette prairie est remplie de merdes de moutons ? » Je hausse les épaules. Je passerai entre les crottes.


D’abord, il faut attraper Oda. Et, depuis l’épisode corrida avec Monsieur Hibou, la bête est suspicieuse quand nous entrons à plusieurs dans sa pâture. Mais Adèle l’appâte avec des graines (ce mouton est une morfale, mais je ne juge pas) en m’expliquant, telle une chirurgienne à son équipe, le déroulement de l’opération. Il va falloir que l’une d’entre nous l’immobilise pendant que l’autre, désignée par une main innocente, lui coupe le pelage arrière car, je cite : « Il y a tellement de merde séchée autour de son cul que je ne parviens pas à distinguer s’il a encore la diarrhée ».


Le droit d’aînesse me fait échoir du rôle ingrat et me voilà rapidement installée à croupetons derrière le mouton, le visage à hauteur de son cul. Je suis, dois-je le rappeler, pantoufles aux pieds et ciseaux à la main.

Je n’irai pas par quatre chemins : le pronostic vital du cul de mon patient est fortement engagé. La merde s’est asséchée dans ses poils, formant des sortes de chapelets brunâtres et figés. L’intervention est délicate et me demande de nombreuses minutes de concentration et de minutie. J’ai regardé quelques épisodes de Grey’s anatomy avec Caro et je sais que si je ripe d’un millimètre, je peux lui sectionner l’aorte et transformer l’opération en véritable boucherie. Il faudrait alors le choquer avec un défibrilateur péruvien, 10 CC, et j’aurais des comptes à rendre à sa famille. Alors je respire un grand coup et sectionne perle par perle le chapelet douteux pendant que le malade convulse un peu, mécontent mais néanmoins immobilisé par ma soeur.

L’opération terminée, nous relâchons le bestiau qui retourne près de ses semblables, indignés par le traitement que nous venons de réserver à leur mâle alpha. Je m’éponge le front, me relève en grinçant et quitte la prairie.

En refermant mal le grillage.


Les trois moutons, avides de liberté et d’herbe fraîche, se précipitent dans le jardin.
Etonnamment, Adèle ne proteste pas contre mon inconstance, car notre cheptel est habitué à brouter notre pelouse. Nous les avons même lâchés en hiver, jusqu’à ce qu’ils s’attaquent aux rosiers Charles Aznavour de Mère. C’est simple, quand nous voudrons qu’ils regagnent leur logis, nous le leur demanderons avec gentillesse et ils obtempèreront. Ces moutons, c’est fou, sont d’une obéissance hors catégorie.

Lecture

Un mariage en dix actes – Nick Hornby

« Aujourd’hui, je veux parler de l’avenir, reprend Tom.
-Très bien.

-Je veux savoir où il est passé.
-Ah.
-Je l’ai perdu de vue. Autrefois, je le voyais droit devant moi, et je marchais vers lui d’un pas décidé, doigt tendu, comme
ces travailleurs des affiches de propagande soviétique. Il était brillant, lumineux, plein de, de … Bon, je ne sais pas de quoi il était plein.
-De champs de maïs dorés, d’usines et de tanks ?
-Ouais. Mon équivalent, du moins.
-A savoir ?
-Je ne m’en souviens plus.
-Tu ne te souviens plus de l’avenir ?
-Non. »


Ce livre ne me laissera pas un souvenir impérissable, même si le principe est chouette (un couple se rejoint chaque semaine dans un pub et discute avant leur séance de thérapie conjugale) et les dialogues sont poussés parfois jusqu’à un absurde amusant, mais aucune profondeur, tout reste toujours en surface.

« Un mariage en dix actes » – de Nick Hornby – traduit de l’anglais par Christine Barbaste – 10/18

Récits

Uros

Comme si la maison ne ressemblait pas assez à une ménagerie, Adèle a décidé d’adopter un chien.

Après s’être renseignée à gauche et à droite, son choix s’est arrêté sur un samoyède, chien de traîneau issu du Grand Froid. Elle trouve un particulier qui vient justement d’en avoir une portée et elle en désigne un parmi la meute comme étant son préféré.

L’Animal possède un pedigree, ce qui fait que la première lettre de son nom nous est imposée. A ce sujet, ma famille joue de malchance car, après l’année du « H » pour Happy, nous devons à présent trouver un nom en « U ». Si tu trouves plus difficile que ça, dis-le moi.

On se triture les méninges pour finir par tomber d’accord sur « Uros » (prononce Ouros), qui signifie « petit ours » en lituanien.

Depuis sa naissance, les éleveurs de Uros nous envoient régulièrement de ses nouvelles via des photos ou même des vidéos, en attendant son sevrage. Et c’est vrai que la ressemblance avec un ours polaire est confondante : il a le poil blanc ébouriffé et la truffe noire.

Mais, au fur et à mesure des semaines, les photos sont devenues de plus en plus inquiétantes.

Je ne sais pas toi, mais moi, quand on me parle d’un chiot, j’imagine une petite chose rampante qui, les yeux fermés et la gueule entrouverte, recherche vainement la mamelle de sa mère. Taille maximale : celle d’une brique de lait ou d’un chou-fleur.

Or, on nous envoie une photo sur laquelle il est assis sur les genoux d’un type et semble trois fois plus grand que lui. Le bestiau me fait drôlement penser à ce conte d’Andersen que j’adorais quand j’étais môme : « Le conte du briquet » dans lequel un soldat fait tomber son briquet dans le tronc creusé d’un arbre et lorsqu’il se glisse à l’intérieur, il arrive dans une grande pièce gardée par trois chiens, dont un qui possède « des yeux sont aussi grands que des roues de moulin ». Moi, ça m’en bouche un coin.

Le chien, se sachant prénommé « Petit Ours » l’a visiblement pris au pied de la lettre et met un point d’honneur à y ressembler en tous points.

« Mais c’est la bête du Gévaudan ! » s’écrie Mère, de plus en plus inquiète par le projet d’adoption.

Quand je montre sa photo à Amandine, elle me demande : « Il mange quoi, ton chien ? Des carcasses d’hippopotames ?! ».

Moi je dis que ça nous prépare une belle pagaille.

Lecture

Tout le bonheur du monde – Claire Lombardo

Bon, vous l’aurez compris, ni Stanislas ni moi n’avons été transfigurées par cette lecture dont l’histoire avait pourtant tout pour me plaire : quatre soeurs élevées par des parents aimants, quatre destinées. Les personnages sont attachants, certes, et le roman se lit tout seul, mais j’ai trouvé qu’il manquait de profondeur au niveau de la psychologie des personnages. Il ne me laissera donc pas un souvenir impérissable, même si j’ai cru comprendre que, de manière générale, il avait beaucoup plu.

« Tout le bonheur du monde » de Claire Lombardo, traduit de l’américain par Laetitia Devaux – Rivages