Cher Stelios,
Quand nous avons quitté le ferry et avons enfin pu mettre le pied à terre, nous n’étions pas encore au bout de nos peines car il nous restait encore environ 300 kilomètres à parcourir entre Patras et Kalamata. On a eu un peu peur que les Autorités, qui contrôlaient la descente du ferry, ne tiquent devant notre plaque belge et ne nous demandent de rejoindre les hommes en tenue spatiale qui enfonçaient des tigettes dans les narines de quelques passagers pris au hasard, mais nous sommes passées sans encombres.

Je ne connaissais pas cette route car, d’habitude, j’arrive par Athènes, et le décor était tout de suite planté : une alternance de lauriers roses et blancs, plantés le long de la route pendant plusieurs centaines de kilomètres qui se découpaient sur fond de mer turquoise, le tout dans le ciel rosé du soir qui commençait à tomber. C’était tout bonnement magnifique et, quand nous sommes arrivées à hauteur d’une réserve naturelle riche en pins parasols centenaires, on a eu tout le loisir de bien observer le paysage car nous avons suivi une petite camionnette pourrie, conduite par un gitan qui transportait des couronnes d’ail et nous l’avons suivie pendant des kilomètres sans parvenir à le doubler. On en avait un peu plein les bottes, on rêvait d’arriver à destination, mais c’est ça, aussi, la Grèce : ralentir, rester zen et s’énerver sur les gitans.
Quand nous sommes enfin arrivées à destination, la nuit était déjà bien entamée.

J’aime bien arriver de nuit, parce que le lendemain matin, j’ai l’impression de rejouer la scène du film « La gloire de mon père », quand il ouvre les volets et découvre la splendeur du monde et sa lumière.

La région de Kalamata est connue pour pour produire la meilleure huile d’olive du monde et ce n’est pas moi qui vais te dire l’inverse. Du coup, on y trouve majoritairement des oliviers. A perte de vue. D’ailleurs, il y a une odeur d’huile d’olive qui plane dans l’air en permanence. J’ai demandé à Laurence si c’étaient des diffuseurs qui étaient placés partout pour faire acheter de l’huile aux touristes, mais elle m’a dit que c’étaient plutôt des usines de torréfaction et que, de plus, les touristes n’existaient pas dans la région. Je comprendrai très vite à quel point elle a raison, car chaque fois que nous nous rendons dans un endroit, il n’y a que nous.
Les oliviers ont le monopole du paysage, certes, mais il y a aussi : des cyprès, des vignes et des figuiers.


On y trouve aussi nombre de bêtes sauvages, mais elles feront l’objet d’un article ultérieur.

Point de vue civilisation, on peut trouver quelques boutiques typiquement grecques proposant une large gamme de bidons d’huile d’olive, de tracteurs, de tuyaux d’arrosage, de bonbonnes de gaz ou de cochons grillés, posés entiers dans une petite vitrine sympathique et qui se dégustent le dimanche. De quoi satisfaire les envies de shopping de toute la famille.


Pour les amateurs d’authenticité, il y a bien entendu moyen d’acheter des fruits et légumes frais dans des petites aubettes installées le long des routes. Pour notre part, nous avons choisi Eleni comme fournisseuse officielle, et Laurence m’a appris à aller commander moi-même des pastèques bien sucrées car je tente tant bien que mal d’apprendre la langue de ton pays. (Glyko karpouzi – γλυκο καρπουζι)

Je sais que tout cela sonne comme un petit avant-goût de paradis. Mais un avant-goût seulement, car je ne t’ai pas encore parlé … des plages.


Elles sont magnifiques et nous nous rendions chaque matin dans ce que nous avons surnommé notre « Club ». En lieu et place de club, on trouve une quinzaine de parasols et des transats et il y a moyen de s’y installer pour la journée. En général, il n’y avait que nous deux, ainsi qu’un grec qui nous a expliqué qu’il se rendait là chaque matin pour dormir car il faisait des insomnies à cause du cri des chacals (je vous avais bien dit que la vie sauvage animale est assez prégnante, je reviendrai là-dessus plus tard).

En arrivant, nous commencions par boire le frappé national (Dio frappé glyko mé gala – γλυκό με γάλα). Moi qui n’avais jamais bu la moindre goutte de café de ma vie, je suis rapidement devenue accro, même si certains m’ont filé le palpitant.



Puis Laurence faisait son yoga, devant le regard incompréhensif du fameux Statis, avec qui nous partagions le club.






Pendant ce temps-là, je remplissais tes pages.

Et, bien entendu, nous nous baignions sans relâche, telles des sirènes du Péloponnèse.








Assez bizarrement, malgré mon année de grec en deuxième secondaire et mon amour inconditionnel pour les comédies d’Aristophane, je n’ai jamais été attiré par la Grèce. Je viens subitement de changer d’avis !
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Tu devrais, c’est magnifique
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