Bébinou fait une légère obsession pour les glaces. Toute la sainte journée, elle ne parle que de cela, se préparant à l’avance au moment où nous les dégusterons.
Elle commence son tour d’inspection dès le matin, au saut du lit, alors qu’on se rassemble toutes sur le lit de Caro afin de lui souhaiter la belle journée en la bombardant d’oreillers.
- Quelle glace à quoi tu prends, maman ?
- Pistache chocolat, ma chérie.
- D’accord. Et toi, Maname ? Quelle glace à quoi tu prends ?
- Melon chocolat, lui répond marraine.
- D’accord. Melon chocolat
- Et toi, Tata ? Quelle glace à quoi tu prends ?
- Je ne sais pas encore, ose-je affirmer.
- Tataaaa ! … Quelle glace à quoi tu prends ?
- Ketchup choucroute.
- D’accord. Pochok choucroute.
Je sens que mon humour est encore en cours d’acquisition, pas encore totalement assimilé ou compréhensible pour un enfant en si bas âge.
Ensuite, elle se met en jambe en en préparant quelques unes faites maison sur la plage. Des glaces au varech. Pour ce faire, il faut aller chercher de l’eau de mer dans un seau et le déverser dans le sable chaud. Puis malaxer le tout afin d’obtenir une pâte homogène qu’il faut tasser dans des petits moules en plastique. On démoule le tout, et hop, on obtient un petit pâté de sable extrêmement appétissant. On termine par une garniture faite d’une pincée de sable fin, une décoration en coquillages sur le dessus et il ne reste plus qu’à les déguster. Au cours de la préparation, Hannah ne manque pas de demander à chacune ce qu’elle prendra.
- Quelle glace à quoi tu prends, maman ?
- Pistache chocolat
- D’accord. Et toi, Maname ? quelle glace à quoi tu prends ?
- Melon chocolat
- D’accord. Melon chocolat
- Et toi ? demande Caro.
- Hannah, elle prend framboises banamme. Et toi, Tata ? Quelle glace à quoi tu prends ?
- Tiramisu crevettes.
Tu te doutes ; connaissant l’apôtre que le questionnaire ne s’arrête pas là. Il faut également décider de ce que prendront Mimi, Tata Adi, Petite Tata, Nana, Dada, Boubou, Agé, Tonton Dieudo et toute la sainte smala, et ce, bien évidemment, plusieurs fois de suite, jusqu’à épuisement des troupes adultes qui décident de tirer un trait sur cette énumération en roulant les serviettes et décrétant qu’il est temps de lever le camp.
Tout cet entraînement nous prépare au moment fatidique, tant attendu ; celui où on les mange vraiment, sur le coup de seize heures. On s’installe en terrasse, dans un recoin ombragé, et nous passons commande. Melon chocolat pour marraine, chocolat pistache pour maman, citron cassis pour Tata, framboises pour le Pimousse, ravie de faire enfin un sort à sa boule, mais qui, en cours de dégustation, n’hésite pas à tout de même s’enquérir de ceci : « Quelle glace à quoi elle prend, mimi ? »
Je sens que ces cinq journées risquent de s’étirer en longueur.

A cet âge-là les enfants savent se contenter de choses simples !
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